- Hommes du Nord, si preux, si vaillants, si hardis,
Vous qui avez si nombreuses guerres subi,
Savez mieux que quiconque le prix de la vie,
Vous les hommes du Nord, par l’histoire avertis,
Oyez le chant d’un homme par le Nord séduit.
- Hommes du Nord, si habiles, si laborieux
Si zélés au travail, appliqués, minutieux
Vous servez de modèles, jeunes comme vieux
A tout homme qui veut se dire industrieux.
- Hommes du Nord, si âpres , si durs au combat
Si habitués au feu, coutumiers de l’exploit,
Vous ne tremblez jamais là où d’autres tressaillent
Vous fûtes grands seigneurs dans toutes les batailles
- De la Somme à Verdun, en passant par Pozières
La redoute des Souabes, le Bois-du-Haut,
Vos familles décimées par toutes les guerres
Ont porté pour la France le plus lourd fardeau.
- Femmes du Nord, ô femmes aux tabliers blancs
Vous qui virent vos hommes partir si souvent
Sous la bombe autrichienne ou l’obus allemand
Vous qui, contraintes, restèrent pour les enfants
- Savez mieux que toute autre le sens du mot Mort
Car le destin vous a faites femmes du Nord.
Plus qu’ailleurs on entend chez vous le mot veuvage
Souffrance surmontée ! toujours par le partage..
7.Qui se souvient des ces femmes des années vingt
Eduquant seules leurs dizaines d’orphelins ?
Avec elles les mots : endurer, assumer
Ont vraiment pris leur sens, ô, mères glorifiées !
8.Femmes, si belles femmes du Nord de la France
La guerre cesse un jour, vous voilà remariées !
Vous invitez famille, et même le quartier
Vous savez qu’il ne faut pas trop passer sa chance.
Au Nord, la joie ne sert qu’à effacer les peines.
- Car vous êtes si belles, femmes au front haut
Sylvie la rousse et Margot, blonde du Hainaut !
Qu’il ne faut pas longtemps pour vous faire épouser
Par les hommes du Nord qui vous ont vues passer.
- Bientôt paraît l’enfant, qui naît dans la dentelle
Flanelle et broderies par le Nord façonnées
Comme il est bien reçu !, le bébé pour lequel
On a parfois bien eu du mal pour qu’il soit né.
11.Car le bébé qui naît, comme il est bien reçu
Au Nord , le pays champion de tous les tissus !
Mille cotons , velours, soies, sont là qui l’attendent
Nord, paradis des bébés de Rouen à Ostende !
- Enfants du Nord , enfants d’ouvriers de Fourmies
Enfants de paysans , enfants de l’Avesnois
Ou enfants de l’Artois , vous naissez tous bénis
Vous naissez au pays où le seigle blondoye.
- O, familles du Nord , vous voici rassemblées
Tout autour de la table en train de jouer aux dés.
Et ça piaille et ça crie, ça commence à jurer.
Où est l’as de tarot ? C’est toi qui l’as chouré!
- Soudain le match de foot surgit sur vos écrans
La famille du Nord se fige en un instant
Tout le monde commence un peu à aboyer
Sur l’adversaire pas question d’apitoyer
Va chercher une bière et le ragoût flamand
O familles du Nord, vous savez festoyer !
Au Nord, la joie est si soudaine que la peine.
- Pêcheurs du Nord, ô hommes forts à la besogne
Qui peinez à survivre au travail à Boulogne
Vous , aux salaires sur lesquels le patron rogne;
Vous qui n’avez de langue que l’ ire ou la grogne
- Etes les vrais seigneurs de la côte d’Opale
Quand vous nous rapportez bien serrés dans vos cales
Des poisson verts ou bleus, ou du rouget royal
Vous devenez les peintres du bord du chenal
- Mais ceci n’a qu’un temps, car vous êtes du Nord
Comme les paysans, ouvriers ou soldats
Pour vous la seule loi, c’est la loi de l’effort
Vous repartez demain en mer, à hue, à dia.
- Où , roulés par la houle, vous pensez aux morts
Aux chalutiers sombrés, corps, équipage et biens
Aux familles d’amis tuées par le chagrin
Marins du Nord, forcés d’encaisser votre sort.
- Pêcheurs du Nord, ô , fils de la difficulté
A votre tâche, jamais ne déméritez.
Puis, un jour, vous mourez. Le fils prend le relai.
Ainsi file la vie, de Dunkerque au Touquet.
Au Nord, la peine est si soudaine que la joie.
- Gens du Nord, il faut avoir chez vous bouche habile
Comment mémoriser? et comment prononcer?
Godewaersvelde, Rexpoëde, Ochtezeele
Volckerinckove, Zegerscappel, Herzeele ?
Gens du Nord, bien souvent, vous nous faites marrer.
- Quand au pays Picard, on sait bien qu’on y est
Quand on entend vos ÂÂ résonner dans les bars.
Je sais pas, mwÂÂ, t’ÂÂs qu’ÂÂ twÂÂ même y ÂÂller vwÂÂr.
Mes pâles aa bretons paraissent bien faiblets !
- Gens du Nord, envolé votre savoir sublime
Sergé, chambray, jersey, popeline ou denim
Toute usine a fermé, vous voici au carreau
Mais êtes restés dignes malgré le chaos.
- Gens du Nord, englués dans la casse sociale
Rien ne fait dévier votre humeur proverbiale
Les bars sont pleins d’amis, la bière coule à flots
On verra bien demain si on trouve un boulot.
- Le seul qu’est étranger est facile à montrer
C’est le seul qu’est mouillé, n’étant pas dans les bars
Comme les gens du Nord. Chez vous part et repart
Facilement la blague, on aime rigoler.
- Et la rime aussi, comme on l’aime en vos régions !
Elle est chérie, taillée, retravaillée à fond.
Vous ciselez des mots tel que faites dentelle
Poèmes , lais ou médiévales ritournelles
26.Tout poète a ouï chez vous mille cadeaux
Sans trop chercher, il suffit de tendre l’oreille.
Votre français est chantourné comme Corneille.
O, Nord, ta gloire est d’avoir enfanté Rimbaud !
- Et qui se souvient qu’ autrefois ,Victor Hugo,
C’est à Saint Valéry -sur-Somme qu’il rima
Oceano Nox, pour tout Français, le plus beau,
Ah , la France sait bien au Nord ce qu’elle doit !
- Tant de chants au printemps quand vient le carnaval!
La Cantate à Jean Bart et l hommage au grand Cô.
Tout Dunkerque résonne et devient un grand bal
Mille mélopées déferlent vers le Hainaut.
Au Nord, la rime est aussi riche qu’une reine
- L’été, le Nord se colore de taches vives
Cabines de bain, parasols, ballons d’enfants
Chaque plage du Nord est un enchantement
Le Nord , bleu paradis, que le soleil ravive.
- Ah, les enfants du Nord, les marmots de la Manche !
Savent-ils leur bonheur , leurs mères si aimantes ?
Ils courent, rient et suivent char à voile ou planche
Jamais ils n’ oublieront du Nord les douces pentes
- Après les fêtes, la Brocante arrive enfin
Partout surgissent lampes, lits à baldaquins
Incroyables objets, témoins du Nord passé
De ce Nord adroit , si habile à façonner.
- Tout est gigantissime au Nord, pas seulement
La Brocante de Lille ou bien de Valenciennes
Le géant Reuze est du Nord le point culminant
Ah, Nord , si tes traditions pouvaient être miennes !
33.Tes hommes d’importance , aussi, sont des géants
Robespierre, Pétain, De Gaulle , Alain Decaux
Noiret ou bien Louis Malle, Matisse ou Watteau
Tous sont enfants du Nord, tous bercés par l’Escaut.
Nord, tu as légué à la France tellement !
- Et comment oublier Marguerite Yourcenar ?
Ses Mémoires du Nord , de fille de Mont-Noir
Cette femme longtemps seule à l’Académie
C’est le Nord qui l’enfanta pour sa belle gloire !
- Tant qu’un être inventé ne nous importe pas
Tout autant que nous-mêmes, alors, il n’est rien.
Yourcenar semble résumer comment, pourquoi
Le Nord a créé mythes, carnavals si bien.
- Car le Nord reste encor’ terre mythologique
Une histoire locale y devient très souvent
Matière à broder nouvelles ou bien romans
Des Nobels y sont cachés par ses murs de briques.
- Mais les romans du Nord sont souvent historiques
Petite histoire et grande Histoire ne sont loin.
Tant l’ Histoire du Nord respire le tragique.
Quatre tuées la nuit par les frères Jourdain.
Rien ne plaisante au Nord, les gens le savent bien.
Au Nord, la peine est si soudaine que la joie.
- A Fourmies, autrefois, eut lieu la Fusillade
Qui devint tout de suite un enjeu national.
C’est au matin, souvent, en lisant le journal
Qu’un Nordiste voit prétexte à mille ballades.
39 . L’architecture aussi est matière à pensée
En ce Nord qui aligne beffroi sur beffroi,
Belles places ducales ou maisons de rois.
Nord, pour t’écrire, il suffit de te regarder.
- Souvent, on oublie trop le Grand Nord des campagnes
On pense trop que Nord égale industriel.
Alors qu’au Nord la campagne est pourtant si belle.
Le fermier du Nord vit au pays de cocagne.
- Chaque jour, il voit au-delà de ses labours
Des fleuves magnifiques serpentant autour
De ses blés , de son seigle. Et des gros vraquiers lents,
Péniches, lourdes barges , tanguant vers Conflans
- Lestées de marchandises, charriant des trésors
De Belgique ou de Flandre, ah, quel spectacle, alors !
Très peu de régions peuvent en offrir autant
Eduqués dans les fermes, heureux les enfants
S’abreuvant dès leur jeune âge aux tableaux du Nord.
- Ainsi va la vie dans le Nord, les Hauts de France.
- Terre à laquelle , moi, plus que souvent, je pense.
Car j’ai trouvé là-bas, des gens si attachants
Que je voudrais m’en faire mon second chez-moi.
Nord, toi qui m’accueillis si longtemps sous ton toit,
Nord, où les grandes peines vont avec les joies
Nord, tu m’as tant séduit, tu es si émouvant !
Que mon cœur saigne un peu toujours en te quittant.
©H Clolus