Le lendemain, voilà que, comme trop souvent, mes sentiments sont de nouveau partagés. Les tiens aussi, semblerait-il !
Je me suis réveillée avec un tel goût amer dans la bouche. Je repense encore à notre dispute larvée d’hier.
Pourquoi faut-il que l’on souffre toujours en amour, pourquoi? Il n’y a pas d’amour heureux, déclamait Aragon. Moi, j’en demande tellement, en même temps, je le crois… Je le crains !
Je veux tout, et tout de suite, et toujours. Et là c’est bien trop tard, et là c’est joué d’avance, il est bien condamné le retour en arrière : je ne sais plus me passer de tes caresses… Et, dans les rares moments sans toi, c’était comme si je faisais de la survie en haute mer, toujours sur ces pénibles vagues.
L’embarcation est bien légère, vois-tu, mon Adrien. Nos vaisseaux fantômes ne sont jamais loin, toujours prêts à réapparaître, à la moindre embrouille, au moindre questionnement. J’ai fait ce pari de t’aimer, et j’ai posé à tes pieds toute ma mise. Je m’en sens comme dépossédée, ce matin encore.
Tu es presque devenu plus distant à mon égard, depuis hier. Plus méfiant, peut-être ? Ou bien, dépassé, quelque peu, par ce qui vient tout juste de se produire entre nous ?
Je ne le supporte pas. Passer ainsi de la lumière à l’ombre, du soleil à la nuit… Mais, et cela me rassure, quelque part, je sens bien que toi non plus, tu ne t’en « remets » pas, pas encore. Ou pas du tout, j’espère !
Que nous faudra-t-il donc, pour y croire à nouveau?
Une fois de plus je me sens comme sur un fil, et la traversée est périlleuse, et peut-être, qui sait, inutile ?…
Témoin
Oui j’ai été témoin
De scènes de non-sens
Nous qui étions main dans la main
Te voilà plein d’indifférence
Oui j’ai été témoin
Du crime d’amour le plus fou
Le plus fulgurant, le plus vain
Foudroyer ainsi le destin
Qui a créé notre romance
Ne reste enfin de toi, de nous
Qu’une tristesse inexpugnable
Un froid revenu, le mois d’août
Est si loin : tout est sous le sable
Oui j’ai été témoin
De la plus terrible descente
Vers un enfer peau de chagrin
Oui j’ai dressé ma tente
Dans une garnison perdante
Préparé pourtant la bataille
Mais cet amour est une pente
Où tout recule ! Toi tu dérailles
Vers d’autres pays, continents
De la douleur de ton absence
Et je poursuis, vaille que vaille
La guerre de notre évidence
Car évidente était la chance
De nous unir dans le matin
Si plein d’azur et d’espérance
Oui j’ai été témoin
De la pire des contre-romances
Tu n’as été qu’un assassin
Et tu connaissais tes motifs
Mais regarde-moi bien
Moi je suis prise entre tes griffes
Et j’ai le cœur si lourd, si vain !
Oui j’ai été témoin
De ta non-assistance à personne en danger
Tu es si loin
Et j’ai simplement mal de t’avoir trop aimé
Je me serais donc bercée d’illusions, durant ces quelques mois suivant notre rencontre, je me serais donc encore laissé dupée par l’inconstance des sentiments, de tes mots et de tes gestes, pourtant si passionnés, au départ…
« Je t’aime ». Tu ne m’as pas redit ces mots, ce matin. Et ainsi tu me prives sans t’en rendre compte, je crois, de mon eau vive, de mon rêve éveillé.
Alors je ravale ma peine, et j’étouffe mes sanglots revenus. Tout à présent se passe à l’intérieur de moi, et moi aussi je retrouve ma triste carapace. Celle dont j’ai eu, si souvent, tant besoin…”
http://www.edilivre.com/l-inconstance-des-sentiments-231c822081.html
Beaucoup de délicatesse pour exprimer un si grand chagrin qu’est la fin d’un grand amour. J’espere que, malgré les tempêtes vous saurez preserver cette fraicheur. Merci de nous l’avoir confier, et sachons en prendre soin
Ah ah…. Mais ceci n’est qu’un extrait, l’histoire ne se termine pas forcément sur une note chagrine!
Merci pour ce commentaire chaleureux!