La bête humaine
J’ai parfois traîné dans le sillage de quelques troubadours, cherchant une once acidulé qui titillerait mes sens.
J’ai dévoré parfois de beaux mots, découvert des esprits fin, parfois des esprits de sel, mais le temps passait, loin d’aiguiser mes instincts primitifs, qui réveilleraient mon corps dormant, celui qui me donnerait ce petit truc en plus, que l’on ne trouve nulle part.
Dans les ténèbres d’une nuit de cendre, près d’une eau saumurée, une odeur mordante me monta au nez. Une rhétorique acide se déposa sur mon âme, laissant ma résistance au fond de ces abysses.
En mon corps repose tes mots ici bas en dernière demeure. Ces mots qui cachent ton corps, que l’on oublie.
Des mots improbables, que personne n’a jamais osé unir, qui s’épousent pour le meilleur laissant le pire couler dans les caniveaux à ciel ouvert.
Sous une lumière incandescente, j’ai aimé tes pensées, m’offrant une chaleur enivrante, montant crescendo, aimant ce que tu cachais à mes yeux, ce que je ne voyais pas. Tu m’as offert un trône où je suis monté, me faisant Reine.
Aujourd’hui, de tes verbes, j’orne mon corps, je joue avec mon doigt sur l’écran, ou tes mots se déposent. Tes envies découpent, mon iris émeraude
mon aime rode, tourne autours de toi, forçant ta main à entrer dans mon vice.
Au pied de ce trône, les femelles en soupirs tournent dans un air qui sent le souffre et les mauvaises pensées.
Veuves de tes mots en chimères, elles pleurent les adages que tu déposais à leurs pieds, regrettant le seul homme qui savait ce qu’elles aimaient.
En notre âme et conscience.
©Anne Cailloux
Sublime … quelle prouesse !
Une vraie virtuose ! ♥
Merci pour ce partage qui est une pure merveille à laquelle les sens s’éveillent !
La poésie se lit aussi aussi dans certaines proses. Baudelaire l’avait dit, vous l’avait superbement, chère Petite Belette, confirmé par ce texte très fort et très beau. Amicalement…
Très beau, très pur
Merci pour ce moment poétique
Ol