Aube vierge – Anat Léthé

Le vermeil est revenu orner mes pensées,

Son éclat cette fois ne m’aveuglera pas.

La pluie est passée par là tout fertiliser,

Tout ouvrir, les portes, les verrous, et mes pas.

L‘étau de la distance, se resserre, froisse

La si fragile dentelle autour de mon cou ;

Mais bientôt seront là les lumières, que croissent

Les espérances, de mon âme les bijoux !

Aujourd’hui tout est neuf, tout est si virginal

Que mon coeur en pleure, en pleure, mais c’est de joie,

De sentiments qui apaisent mon idéal,

De bonheur, ce que j’ai toujours fui malgré moi.

Mais la nuit n’a pas encore disparu, aurore

Fais-toi sentir, ressentir ta pureté ! Nue

Sera ta prestance, nu sera ton décor,

L’erreur de te vêtir et de troubler ma vue

Ne ferai-je point. Désormais ma cécité

J’oublie, laissée pour compte dans les beaux sous-bois,

Sous la terre, à l’abri de la vie, sous l’été,

Loin de mes yeux qui veulent retrouver la foi.

Ô ma trace, ma traîne, efface-toi et pars

Te perdre dans les ombres des arbres qui longent,

S’allongent sous le poids écrasant et épars

Du soleil qui toutes choses gouverne, et songe

A nos instants passés, à toute cette force

Qui m’a quittée, s’en est allée, je n’en veux plus.

J’épouse la gaieté qui vient en moi, s’amorce,

Qui mes larmes, sèche, et les peines, les a vues.

Nouvelle conscience ne se soumet à rien,

Aube de félicité, embrasse et enlace

Mes multiples facettes, mon mal et mon bien,

Et sait comprendre, guérir, jamais ne se lasse.

Vers ce chemin je me dirige et je m’adresse,

Route, dessinée, route signée, route née

Vers toi je vais, vers toi je cours, jamais ne cesse

Mon envie, et ma vie, mon cours, ma destinée.

© Anat Léthé – 19/04/2018 !12p)