Voyageur, si tes pas te portent un jour en Lorraine
Prends le temps de découvrir la belle messine.
Voyageur, sais-tu que la fière cité de Verlaine
Dans la nuit des temps, trouve son origine ?
Historien, je ne suis et hélas, ne saurai te conter
La richesse d’un présent par le passé façonné.
Puisses-tu alors au cours de tes déambulations,
Découvrir l’âme de cette ville aux mille émotions.
Romaine, puis mérovingienne, berceau carolingien ,
Elle fut capitale d’Austrasie et de Lotharingie.
Un jour, jadis y naquirent les chants grégoriens,
Exaltant en saintes neumes la chrétienne liturgie.
Ville riche, elle écrivit son avenir en République.
Car débiteurs de ses bourgeois, quatre seigneurs,
En guerre partirent. De cette bataille en vainqueur,
Elle sortit, affranchie de toute féodalité archaïque.
Rompant les liens l’unissant au Saint Germanique,
Par la force d’une singulière destinée, elle devint royale.
Vauban clairvoyant, de l’état en fit la protectrice idéale,
Unissant à tout jamais le royaume à ce passé héroïque.
Plus tard, soumise aux assauts de la mitraille prussienne,
Metz la si belle, à nouveau deviendra une germaine.
Abandonnée de tous, tout comme sa cousine alsacienne,
Elle aura à subir le joug de l’annexion Wilhelminienne.
Durant ces sombres décennies, de sa liberté elle se languit.
Quand l’aigle d’Outre-Rhin par les armes, le genou enfin plia,
Un vibrant Te Deum d’allégresse dans la cathédrale raisonna,
Exorcisant les souffrances de ce sanglant et mondial conflit.
Plus tard, alors que se déchaînait la bête immonde,
En résistance, elle fut l’un des premiers espoirs français,
A se lever, dans ce pays battu et en quelques jours défait,
Contre l’idéologie gammée à l’arrogance nauséabonde.
Nos ennemis d’hier sont désormais nos amis. Point de haine,
Point de rancœur dans cette ville au visage apaisé de la paix.
Au croisement des croyances, des espérances et du progrès,
Ouverte à l’autre, à sa différence et résolument européenne
Voyageur, la messine n’est pas une lointaine et froide garnison
Voyageur, elle est chaleur, elle est couleur, elle est bonheur.
Alors viens la voir te sourire, viens et laisse-la pénétrer ton cœur,
De sa douce lumière scintillante comme une étoile du septentrion.
Arnaud Mattei, 27 Décembre 2020
Très beau poème qui a une résonance particulière pour moi, mon mari étant né à Metz. A propos de résonance, j’ai quand même une question relative au vers “Un vibrant Te Deum d’allégresse dans la cathédrale raisonna” : est-ce que l’orthographe de “raisonna” est volontaire ou est-ce une faute de frappe ? Sinon, j’ai beaucoup apprécié.
PS
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Merci !
Merci et avec plaisir Arnaud !
Faudrait il encore que l’on puisse voyager de nos jours mais avec l’esprit c’est parfois magique aussi…
Bonne fin d’année et au plaisir de vous lire à nouveau.
Bien à vous,
Alain