Le thème de cette nouvelle minute philosophique est le titre d’un médecin suisse Paul Tournier. Incroyant mais issu d’une famille croyante, il désirait savoir si Dieu existait réellement et on lui a donné comme conseil de se mettre à l’écoute. Aussi chaque matin, il se leva une heure plus tôt durant une année pour s’assoir sur la moquette de sa chambre pour se mettre à l’écoute allant même jusqu’à dire ‘Dieu, si tu existes, parle-moi, je suis à ton écoute ».
A la fin de cette année initiatique, il allait conclure qu’il ferait mieux d’abandonner car, une fois à l’écoute, il n’entendait que le même silence. A ce moment là il a pris conscience que Dieu était ce silence, ou dans ce silence. Il a alors créé une médecine tout à l’écoute qu’il a appelé la médecine de la personne, le praticien se mettant à l’écoute du corps, du mental et de l’esprit de chaque personne, de chaque patient.
Le bestseller de Jacques Salomé Heureux qui communique, commence, lui aussi, par nous parler de la primeur de l’écoute, attitude voire aptitude sans laquelle la communication n’est que fictive, sur le mode d’échange de copier-coller comme sur nos réseaux sociaux.
Une illustration célèbre, l’interview de Georges Brassens par Jacques Chancel à l’émission Radioscopie. Le chroniqueur de France-Inter avait préparé toute une suite de questions qu’il enchaina devant l’ami Georges qui plus d’une fois l’interrompit en lançant un « Tu ne m’écoutes pas’. Et le poète sétois d’expliqué que Jacques Chancelle lui posait une question à laquelle Brassens avait déjà répondu lors d’une précédente réponse. Il lui demandait par exemple si on devait le considérer comme un poète, mais à la première question « Georges, comment vous définiriez-vous », il avait répondu « comme un amoureux de mots de la langue française plutôt que comme un poète »
Dans la vie nous procédons bien souvent ainsi, nous pensons notre réponse avant d’écouter ouvertement les propos de l’autre. Et comme, dans la vie, tout est sujet à interprétation et à imagination, on répond souvent hors sujet, là encore en ramenant une formulation personnelle et inédite à quelque chose de déjà entendu. Encore le syndrome du copier-coller.
Vivre à l’écoute serait-donc une résolution permanente : accueillir dans leur nouveauté, dans leur originalité tous les mots qui nous sont confiés, et, sûrement, les ruminer quelques secondes avant d’y répondre. Cela relève de l’humilité et de la reconnaissance que tout est nouveau pour nous dans la mesure où ces paroles proviennent d’une autre expérience et d’un autre registre que les nôtres. En résumé, d’une autre personne.
Ne pourrait-on conclure en affirmant que vivre à l’écoute, c’est s’ouvrir de personne à personne. Est-ce si compliqué ?
Pour arriver à cette conclusion le docteur Tournier n’était-il pas inconsciemment soumis à l’influence de ses parents ?
bravo!