Le ciel gris blanc, par le volet qui baille,
Eclaire la chambre en pale lueur,
Dès lors mes tourments réveillés m’assaillent,
Me plongeant tout droit un couteau dans le coeur.
Je vois l’homme qui sommeille à côté,
La peau plus sombre que son âme claire,
Faisant un léger creux, son corps fuselé,
Chargé de me consoler, de me plaire.
Dès le matin reviennent mes chers tourments,
Je revois cet homme, d’un coup de fusil,
Qui en forêt d’Alsace voici deux ans,
Choisit à son amour, de perdre la vie.
J‘imagine cet homme, tête en lambeaux,
Sa dépouille gisant dans un bain de sang,
Il ne reste de lui pas même un tombeau,
Ses pauvres cendres envolées dans le vent.
Son destin funeste m’a tant déchirée,
Plus loin ne reviendront mes souvenirs,
Ce passé est si lourd, je suis épuisée,
Encor ces images qui me font souffrir.
Je revois mes soeurs qui pleurent leur père,
Mes très chers enfants qui sont de moi si loin,
Dans sa maison, seule, je vois ma mère,
Je pense à tous ceux que j’aime et n’ai point.
Je relis ta lettre, tes vers, ce matin,
A leur découverte j’étais heureuse,
Si triste aussi d’avoir un jour éteint,
L’espoir qui, enfui, nous rend malheureuses.
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Simone Gibert – 10/11/2018
Poignant. Belle réussite…
Avec tous mes remerciements pour votre fidélité, Christian.