Sus aux quadrumanes – Christian Satgé

Petite fable affable
 
La journée, fatiguée, allait se refermer
Sur les cages agitées, les grilles calmées
Du jardin d’acclimatation d’en ville
Où vont de fiers paons, volatiles serviles.
 
La singerie, toute en grimaces et pitreries,
Vaine agitation, fortes criailleries,
Attire plus que lion las ou gazelles
Jouant encore et toujours aux prudes demoiselles.
Les enfants rivalisent avec les chimpanzés
De cris et de facéties ne sachant s’accuser
Pour observer l’autre. Soudain, l’un de ces mômes
Moins doué qu’il n’était audacieux, tout comme
À la fête foraine, essaye de dégommer
Au caillou un simien sage, pour le sommer
De faire l’imbécile comme tous ses frères.
 
Le dos argenté qui règne sur ces terres
De béton nu où on garde ces animaux
Attrape le bras de l’enfant pour qu’enfin cesse
Son jeu insultant. Ah quelle folle hardiesse !
 
Aussitôt les parents parlent haut de procès,
De prison,… – Pour bêtes en cages, c’est d’un excès ! –
Hurlant au scandale à cette tentative
De meurtre,… L’édile prit l’initiative
De supprimer l’attraction : on envoie
Ces primates, à l’unanimité des voix,
Tous, se faire voir ailleurs. Oui, on ne plaisante 
Pas avec le danger… Sottise épuisante !
 
Ainsi, en notre monde punit-on l’ensemble
D’un corps pour la faute d’un seul même s’il semble
Qu’elle fût fort bénigne ou, pire, interprétée
De façon discutable… et sans plus enquêter.
Hélas, bien plus qu’être dans l’humaine nature
« L’émotion » nous est une dictature.
© Christian SATGÉ – avril 2021

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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