Souvenirs à quatre pattes. (partie 8) – Odile Stonham

Sa mère, par contre, avait l’habitude de se coucher de tout son long entre mon mari et moi. Puis, sans prévenir, elle allait se mettre au fond du lit pour y rester un moment qui me semblait long à chaque fois. C’est que je n’étais pas rassurée : je craignais en effet qu’elle allait manquer d’air ce qui faisait rire mon mari. Puis on sentait que quelqu’un bougeait à côté de nos jambes : c’était Mimi-Ange qui cherchait une position pour dormir. Je me souviens aussi que je mettais des chaussettes  les premiers temps qu’elle faisait ça car je craignais, comme j’ai pu être bête à l’époque, qu’elle me morde les doigts de pieds ! Là encore, rigolade de mon mari envers moi.

Mimi-Ange ne s’est jamais attaquée à nos pieds !

Boule faisait comme la mère de Topaze : il se mettait entre mon époux et moi, bien allongé et ne bougeait plus. Un matin, alors que nous étions réveillés, aucune trace du chat. Nous avons pensé qu’il était au rez-de-chaussée, dans la cuisine, à manger ses croquettes ou faire autre chose. Non ! Figurez-vous que Monsieur Boule avait trouvé refuge sur mon oreiller et qu’il avait trouvé une place au-dessus de ma tête, enfoui dans ma chevelure ! Cela aurait valu une photo mais nous n’y avons pas pensé. Dommage pour moi mais pas pour mon mari qui a découvert le premier où était Boule !

Pour la Petite, tout était donc différent et j’en garde un souvenir plein d’émotion. Elle dormait à mes côtés, si près que je n’osai pas bouger de peur de la réveiller. Ou alors elle s’allongeait elle aussi, de tout son long, mais sur moi. Combien de fois je me suis réveillée pour la regarder dormir ! Elle avait fermé ses jolis yeux bleus et respirait tranquillement, complètement détendue.

Loin du danger qui allait arriver un jour et qui allait l’emporter comme Chipie. Chipie qui n’aura pas eu l’occasion de dormir avec nous, qui commençait le dernier matin du jour de son départ à essayer de se mettre sur mes genoux pendant que je prenais mon petit-déjeuner…

Au revoir la Petite ! Comme les autres chats venus vivre dans notre maison, nous ne t’oublierons jamais. Comme tes prédécesseurs, nous avons tes photos dont une également encadrée et accrochée à l’un des murs de ma chambre.

Topaze s’est donc retrouvée toute seule une nouvelle fois. Un soir, avec mon mari, nous sommes allés faire un tour à pied afin d’essayer de voir si la Petite était dans les environs. Peine perdue ! Elle avait bien disparu, aussi mystérieusement qu’elle était venue dans notre vie ! En effet, nous n’avons jamais rien su sur elle : d’où elle venait, comment elle s’appelait… La seule consolation que nous avons c’est qu’elle a vécu chez nous pendant deux ans ! Pour moi, ils ont passé trop vite comme pour les autres félins que nous avons recueilli avant elle.

Notre brave Topaze nous a accompagnés ce fameux soir. De temps à autre, elle s’arrêtait comme si elle avait senti quelque chose puis repartait, trottinant à nos côtés. Sans résultat.

Puis, là aussi, le temps a passé  et l’espoir de revoir la Petite un jour s’est estompé mais son souvenir est resté et restera dans nos coeurs à jamais.

Du temps s’est encore écoulé et Topaze a commencé à avoir des problèmes de santé plus importants que celui qu’elle avait depuis toute petite. Malgré le fait qu’elle prenait régulièrement son médicament, son état d’un seul coup, s’est dégradé. Nous l’avons donc emmenée chez le vétérinaire qui a été franc avec nous, une fois les examens passés : Topaze avait le coeur très malade et elle était condamnée.

Selon le vétérinaire, Topaze partirait après avoir un effort, qu’elle ne s’en rendrait pas compte. A partir de cet instant, nous avons tout fait pour qu’elle ne fasse pas de gestes inutiles afin que son coeur ne souffre pas. Topaze a été une chatte courageuse. Malgré sa maladie, elle continuait à vivre normalement mais au ralenti.

Quand la météo le permettait, elle passait son temps dans le jardin. C’est à l’ombre d’un arbuste que je la retrouvais. Elle me voyait arriver avec son médicament mélangé avec de la crème à la vanille. C’était sa gourmandise. Au début, elle le prenait bien sans en perdre une miette. La soucoupe avait été tellement bien léchée qu’elle n’aurait pas eu besoin d’être lavée ! Cela me faisait sourire.

Brave petite Topaze ! Puis son état s’est dégradé, peu à peu. Quand elle revenait du jardin, elle restait sur le paillasson, attendant que ses forces reviennent. Un jour, j’ai voulu l’aider en essayant de la prendre dans mes bras. Topaze a alors miaulé pour me faire comprendre, gentiment, qu’elle ne voulait pas. Peut-être aussi avait-elle mal et qu’elle attendait que la douleur s’estompe pour venir nous rejoindre ensuite.

Un soir, alors que nous étions dans la cuisine, Topaze a sauté sur le bord de l’évier. Quand elle était plus jeune, elle faisait cela pour boire le filet d’eau que nous laissions couler exprès pour elle. Là, sans que nous y attendions, elle a refait le même geste. Puis, comme si de rien n’était, elle a donc sauté de l’évier pour aller s’allonger près du chauffage électrique !

Naturellement, en faisant cela, Topaze nous a fait peur. Nous sommes allés la voir pour nous assurer que tout allait bien pour elle et c’était le cas : elle était tranquille et ne donnait aucun signe de souffrance.

Combien de fois, chaque matin, nous nous dépêchions de nous lever mon mari et moi afin de voir si Topaze allait bien, si elle n’était pas partie pendant la nuit. Si… Et à chaque fois, c’était une grande victoire pour elle et pour nous car elle était encore parmi nous !

J’ai deviné quand elle allait nous quitter pour de bon ce soir là : Topaze m’a fait un grand câlin la veille. Elle était dans le couloir quand elle m’a aperçue assise à la table de la cuisine.

Sans hésiter, et tout en me regardant fixement, elle m’a rejoint après avoir sauté sur la table. Je n’ai pas hésité une seconde : je lui ouvert mes bras et elle s’y est blotti comme avant… Nous sommes restées un bon moment ainsi, à nous regarder droit dans les yeux. De temps à autre, Topaze regardait autour d’elle et ramenait ensuite son regard vers moi. Toujours de manière fixe ! Je n’ai pas honte de l’écrire ce soir : j’ai pleuré devant cette petite chatte  et je pleure encore en me souvenant de cet instant. Topaze m’a donnée l’impression qu’elle voulait tout emmener avec elle, graver tout ce qu’elle avait connu avec nous, avec moi surtout. Car sans encore me vanter, j’ai eu de très bons moments avec elle.

Topaze nous a quittés le lendemain soir, à 19 heures. Je me souviens du moment car j’ai regardé la pendule dans la cuisine. Quand cela est arrivé, nous étions tous les trois : mon mari, Frédéric et moi. Nous avons donc vu partir notre petite chatte sous nos yeux et nous espérons qu’elle n’a pas souffert.

Au revoir ma douce Topaze. Les années passées avec toi ont filé trop vite mais les souvenirs resteront, là aussi, à jamais dans nos coeurs. Comme les autres compagnons à quatre pattes, nous avons tes photos depuis le début où tu as vécu chez nous. Frédéric a fait un très joli portrait de toi : il a trouvé sa place, lui aussi, dans un cadre. Il est accroché au mur, pas très loin de tes deux filles Winnie et Chipie, ta maman Mimi-Ange et Boule. Et bientôt une photo de la Petite y trouvera également sa place.

 

Texte de Odile Stonham @ Tous droits réservés

Odile Stonham

Odile Stonham (238)

Bonjour,
Je m'appelle Odile et j'ai soixante-et-un ans. Je vis en Normandie, particulièrement dans le Calvados. Je suis mariée et j'ai deux grands enfants dont l'un m'a donné la joie d'être grand-mère de deux petits bonshommes : Ethan et Alexander.
J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de seize ans et cela m'a beaucoup plu. Puis, petit à petit, j'ai continué à en faire. Etant sentimentale de nature, cela y a peut-être contribué. je ne sais pas. Mes sujets sont variés. Je les prends comme ils me viennent.

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