. Qui veut monter toujours plus haut doit résolument s’apprêter à toute rencontre. En naviguant sur les traces du volcan, on sait que le feu et la lave auront laissé des traces tant incomparables qu’inattendues. Il faut accepter que s’estompe peu à peu la verdure, avant de serpenter via des méandres embués d’un brouillard opaque. Premier clin de cieux quand le brouillard accorde un bref répit : une vache au milieu de ce qui ressemble au canyon du Colorado. Les effluves brumeuses reprennent leurs droits et masquent la suite du parcours sur lequel certains osent se risquer avec une simple berline affrontant les derniers kilomètres de creux et des bosses donnant une impression de rodéo intersidéral. Après la brume vient le crachin. La hantise des téléobjectifs ! Mais la récompense est au rendez-vous : d’un côté du sentier, un paysage lunaire où s’agglutinent toutes sortes de blocs de lave grise. Juste en face, le soleil en éveil dévoile un terroir ocre sans aucun doute tombé de Mars. C’est l’esprit et le cœur et non les jambes qui connaissent la plus belle ascension. Bien au-delà des planètes, fussent-elles momentanément hébergées au frais, au Piton de la Fournaise. C’est la puissance de la nature, l’infinité où se confondent éternité et infinitude, que l’aventurier retient Les pieds s’attendent à rencontrer la froidure en marchant sur la lune et le feu en piétinant mars. Mais l’attention étant dans le lointain et l’improbable horizon, chacun a davantage l’impression de sur voler que de fouler tous ces sols venus d’ailleurs. Le feu nous rappelle son travail acharné lorsque l’astre d’en haut darde ses rais sur les blocs de laves aux accents mi-ocres, mi-orangers. La nuit, dont il faudra se méfier tant le brouillard cerne vite les imprudents, nous est évoquée par la noirceur à perte du vue des sols de lave. Coté lunaire de ce paysage interplanétaire. On s’y sent à la fois petit et grand. Petit par la taille et l’impuissance. Mais grand, car issus du même maître d’œuvre, du même créateur. L’immensité des sphères qui nous attendent sur les hauteurs, ne nous proposent rien d’autre qu’un rendez-vous avec nous mêmes. Nous sommes la cendre et le feu, le temps de notre passage entre terre de lune et sol de mars. . ©Jean-Marie Audrain – 13/09/2019 |
Vraiment un très beau texte, un voyage dans l’imaginaire et aussi dans la philosophie