Si on oublie de cultiver la mémoire – Lucienne Maville-Anku

Si on ne cultive pas la mémoire

On oubliera si on ne la cultive pas
La mémoire
On oubliera ce qui s’est passé
On oubliera que cela s’est passé
Et on oubliera aussi ces générations qui nous ont précédés
Nos pères et nos mères dont le sang
Encre d’encriers
A coulé et stagné au fond de cales
De tant de bâteaux négriers

Si on ne cultive pas la mémoire
Qu’aujourd’hui nous rappelle
On oubliera ce passé douloureux
D’un peuple de peuples qui a pleuré
De peuples d’un peuple qui a croupi
D’un peuple qui a tant prié et crié
Et poussé en gémissant des soupirs ensanglantés de prières enchaînées d’entrailles de bouches que taisaient des bourreaux sans pitié

Si on ne cultive pas la mémoire
On oubliera d’où on vient
De matrices meurtries
On oubliera là où tout a commencé
Là où on a été conçus et tissés
Là où on a été formés
On oubliera le ventre
Le ventre et ces vœux
Et les vœux de ventres qui nous ont portés
Pour la délivrance
Pour notre liberté

Si on ne cultive pas la mémoire
On oubliera la corde
La corde et le lien
Le lien de la corde qui relie le tout
Et qui le tient

Si on ne cultive pas la mémoire
On oubliera tout simplement le tout
Et on ne pourra défaire les nœuds
Du présent d’un passé qui lient au quotidien pour demain

Si on ne cultive pas la mémoire
On oubliera d’où on vient
On oubliera le passé et ces marques
On oubliera son passé à soi
Et les marques de son soi
Qui s’inscrivent dans l’histoire
Et on coupera la corde qui tient le tout
En défaisant ces nœuds qui serrent
Les nœuds de son Histoire à soi
Racines entremêlées

Si on oublie de cultiver la mémoire
On oubliera d’être libres
Et de le rester

©Lucienne Maville-Anku, 22/05/20, 08:15

Nombre de Vues:

10 vues
Lucienne Maville-Anku

Lucienne Maville-Anku (749)

"C'est en écrivant que j'apprends à écrire."
Je suis originaire de la Martinique, une des charmantes petites iles de la Caraïbe, et vis au Royaume-Uni.
J'écris depuis de nombreuses années, et ce sont les autres, dans un premier temps, qui par leurs nombreux encouragements et appréciations a la lecture de mes textes m'ont aidée à prendre conscience que j'avais des talents à valoriser.
Ce désir d'écrire et de mieux écrire qui niche en moi depuis l'âge de 15 ans n'a jamais cessé d'aller croissant. Aussi, j’expérimente que c'est le fer qui aiguise le fer, et que plus j'écris, plus je désire écrire, et apprends de la sorte à écrire en autodidacte, par le soupir, par le désir, comme un feu qui s'attise.
La Poésie elle-même m'enseigne, j'apprends d'elle et découvre plus de sa beauté et sa diversité en lisant et en appréciant ce que d'autres écrivent et expriment, notamment sur cette plateforme, terrain de partage et d'expérimentations où foisonnent tant de talents qui m'émerveillent. C'est une vraie galerie d'arts uniques.
J'écris et développe cet art d'écrire en cultivant ma relation avec la Poésie, 'bon pédagogue’ qui m'instruit et m'éduque, et l'écriture elle-même qui comporte aussi des vertus thérapeutiques contribue à mon développement personnel. Cependant, j'ai souvent désiré participer à des programmes de formation pour parfaire mes talents et la stylistique.
J'ai compilé déjà plusieurs recueils de textes poétiques que je souhaite "dé-confiner" pour les mettre à profit, partant du principe que ce que l'on partage, on le gagne, et ce que l'on garde, l'épargnant à l'excès, on le perd.

Laisser un commentaire