sensibilité – Laure Fayarde

Je vous supplie, Madame, de faire moins de bruit

Dans ma tête et mon cœur, c’est la cacophonie

Vous voir tourbillonner sans cesse autour de moi

Me fait monter les sangs, réveille mon émoi

.

Vos bons soins quotidiens, vos conseils éclairés

Raniment la lueur que j’avais oubliée

Infirmière vous êtes, je suis votre obligé

Et loue le dévouement que vous me prodiguez

.

Vos clins d’œil amicaux et votre voix fluette

Me font, je vous l’avoue, parfois tourner la tête

C’est à coup de canon que mon cœur se fendille

Comment ne pas flancher sous tous vos coups d’aiguille ?

.

Pour vous garder encore, jusqu’à la déraison

Usez du goutte à goutte et de la perfusion

Vous êtes mon soleil et mon aide de camps

Quand vous me promenez sur mon fauteuil roulant

.

Moi qui ai tant résisté à toutes grandes guerres

Aux fièvres, aux virus, quand j’étais militaire

Je ne résiste plus et laisse mon destin

Au creux de vos sourires, la chaleur de vos mains

Je ne suis qu’un vieillard que vous mettez au lit

Et je prie le Très-Haut qu’il en soit fait ainsi

.

© Laure Fayarde

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