Petit tas couché, Petit tas blessé – Véronique Monsigny

Petit tas couché,  Petit tas blessé – Véronique Monsigny

Petit tas couché,  Petit tas blessé

 Petit tas tombé,  Petit tas laissé

 

Je me couche ce soir, je tombe de fatigue

La journée m’a lassée et parfois m’a blessée

Mais jamais en vesprée  me trouve délaissée

En refermant ma porte bien au chaud je m’endigue

 

Toi qui dors dans la rue par ce froid où l’on craint

De  sortir le chien de peur qu’il ne s’enrhume

On t’oublie car nos yeux se font voile de  brume

Pour  nos cœurs qui ignorent  ce que c’est qu’avoir faim

 

Toi qui dors dans le froid tandis que pour nos aises

Pour combler nos envies qui ne savent plus attendre

Nous chauffons les légumes et  les fleurs les plus tendres

Afin d’emplir nos bouches  en hiver  de fraises

 

Tu  tombas dans la rue, quand je tombais enceinte

Je tombai amoureuse, toi tu tombas  tout court

Et toujours est en cause Celui qu’on nomme Amour

Qui cajole certains et qui d’autres esquinte

 

Toi tu  gis là blessé par la vie nous dit-on

Mais non, c’est trop facile, c’est mon regard qui blesse

C’est ma peur de l’autre  qui ce soir te délaisse

D’Abel je suis Caïn ton œil est dans la tombe

 

Mais non c’est trop facile c’est mon indifférence

Mon absence d’amour qui peu à peu te tue

Alors qu’il suffirait que je te dise « tu »

Me souvenir enfin de mon frère en errance

 

Petit tas couché,  Petit tas blessé

Petit tas tombé,  Petit tas laissé

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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Brahim Boumedien
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19 janvier 2016 18 h 17 min

Triste constat : notre société a échoué, nous avons échoué et le pire est que nous allons d’échec en échec. Le salut viendra sans doute (car il reste de l’espoir) d’un nombre important d’anges, à l’image de Véro, pour rendre à l’humanité, son humanité…

Merci, chère amie, pour ce partage qui nous amène à voir la réalité nue, et en face.