La mort subite du loup – Christian Satgé

 

Petite fable affable sans morale, quoique…

Un noble vieillard connu pour sa fortune

Épousa une drôlette venue du froid

Qu’Internet lui mit sous les doigts. Il fut roi

De la Belle qui disait haut que la tune

N’était pour rien, croix de fer et croix de bois,

Dans son choix… N’étant pas chez elle aux abois.

 

Le cacochyme prit donc de ces pilules,

Que seuls peuvent prescrire les médecins,

Afin d’aider à ses désirs et desseins

Lors de la nuit où sa chère libellule,

Demoiselle à ses dires, lui ferait don

De sa virginité dessous l’édredon.

 

Six mois après le faste des épousailles,

Le vieux jeune marié croise son docteur

Et le remercie pour ces cachets qui, pour l’heur,

Le feraient bon père malgré la grisaille

De ses cheveux, le flétri de son pistil,…

« Ma femme est grosse de mes œuvres ! » dit-il.

 

Le médecin, après une moue sceptique,

Lui tient à peu près ce langage, direct :

« Vous me rappelez un ami des plus corrects

Parti cueillir des plantes aromatiques

Dans quelque bois voisin. Le temps menaçait.

Son pébroque et son panier l’embarrassaient.

Or, un loup vint à surgir dans la clairière

Où il herborisait. Il était tout seul,

Sans arme. L’animal serait son linceul.

Il était perdu face à la bête meurtrière.

Sans réfléchir, il saisit son parapluie,

Mit en joue l’autre pour, qu’apeuré, il fuie.

 

Il fait mine d’appuyer sur la détente.

Un coup retentit et le loup s’effondra.

Il l’avait occis… Il vous en répondra !

– Impossible !… Il se vante ce dilettante : 

Un autre a du tirer, fit le vieux. C’est clair !

– C’est ce que je veux vous suggérer, mon cher ! »

 © Christian Satgé – octobre 2012

 
 
 
 
 

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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