XL – Milou, Maumau et compagnie : les dimanches en famille.
Sheila chantait : « La famille ça fait partie des petit soucis quotidiens», mais j’avoue ne jamais avoir eu cette vision de la chose. La famille antonienne, quand elle se réunissait chez mes parents, c’était pour faire la fête, se déguiser, sortir des accessoires de farces et attrapes, des camemberts couineurs, des cotillons, des masques, des déguisements… Il faut quand même vous avouer que Tata Popo était patronne d’une boutique qui vendait tout cela, aidée le week-end par tonton Claude, son époux. Même mes grands-parents jouaient le jeu. Car il fallait prendre cela comme un jeu, pas comme une obligation de tricher en ayant l’air gai quand on ne l’est pas ? Je dirais même plus, sans me nommer Dupont, se déguiser et se grimer redonne le moral aux plus déprimés. Surtout à ceux qui vous regarde me direz-vous.
En vérité, parfois j’avais quand même l’impression de devoir faire le pitre pour amuser la galerie. Comme prendre des photos faisait plaisir à mon papa, je ne laissais rien transparaître, arborant, bon gré malgré, le sourire béat de rigueur. Après quelques verres bien choisis et bien sentis, tout le monde chantait à table. En plus, par bonheur, on mangeait télé éteinte, ce qui évitait un embrouillamini de voix de speakerines et de tatas. Mon oncle Claude râlait souvent, disant que le service n’avançait pas assez vite, mais il se consolait avec des verres d’apéritifs et de bons vins. Je crois qu’il avait tout simplement peur de s’endormir avant le dessert, car au dessert il allait s’allonger sur le lit de mes parents jusqu’à l’heure du départ. Le temps de calme qui s’ensuivait faisait partie du plaisir de se retrouver en famille. Tata Popo meublait largement le silence laissé par son mari et ma maman n’avait qu’à y faire écho par des « Oh oui Paulette ». il faut dire que la vie de tata Popo était un vrai roman…noir. Vous en saurez plus en lisant le chapitre que je lui réserve. Quand ma grand-mère maternelle était encore de ce monde, elle aimait que je lui joue mes compositions au piano, dont celles que je lui dédiais, pour son anniversaire par exemple, ou ma petite valse composée pour ma maman et pour elle quand j’étais minot. A cause de son fibrome, ma maman n’avait pas le droit d’aller en vacances le long des océans aussi les dimanches en famille chantait t- on La mer, Partons la mer est belle et plus tard Les vacances au bord de la mer.
Quand ma grand-mère paternelle était encore des nôtres et qu’elle acceptait de monter deux étages d’escalier à l’aide de ses cannes, elle demandait toujours ce que l’on racontait derrière son dos lorsque nous chantions. Etant sourde et jamais sûre que de l’état des piles de son appareil auditif, la chose était prévisible. En fin d’après midi, après que tata Popo ait répété une dizaine de fois qu’il était l’heure d’aller réveiller tonton Claude, ma maman allait cuisiner et servir sa soupe à tous les légumes ; rien que la bonne odeur faisait se lever tonton Claude qui demandait comment cela se faisait qu’il avait dormi si longtemps et qu’il n’était pas encore rentré chez lui. La soupe aidait à manger plus paisiblement, surtout si on évitait la grand “Sluuuurp” avec la cuillère.
Le café que ma maman proposait ensuite n’était jamais refusé, car “ça aide à tenir quand on conduit” ajoutait tonton Claude. C’était toujours le premier à nous embrasser et à s’exclamer : »Milou et Maumau, grâce à vous on aura encore passé une bonne journée ». Vous avez vu comme c’était vraiment la fête dans ma famille le dimanche ?
Quelle merveilleuse famille! Que du bonheur pour toi Jean- Marie, qui étais si bien entouré ! Lisant ton récit, j’entends les chants et les rires et je sens une atmosphère de chaleur et d’amour!
Le bon vieux temps, ou les familles se voient souvent.
J’adore ce déguisement, ça fait chaud au cœur