Mémoires, pages 15 à 17 / 311, par Dominique Capo

D’un autre coté, si un amoncellement de Playmobils étaient installés au fond de notre jardin, le sol de ma chambre, lui, était envahi de Lego.

En effet, bien que je n’écrive ou ne dessine pas encore, je possédais déjà une imagination très fertile. Durant les vacances ou les week-ends, puisque je n’étais que très rarement invité chez des camarades de mon age, et que je n’avais que très peu l’occasion d’en inviter chez moi, j’ai passé la plus grande partie de mon temps libre dans ma chambre.

Certes, je me suis souvent amusé avec mon petit-frère, que ce soit dans sa propre chambre avec des jouets de son age, ou dans la mienne. Il est vrai que, malgré qu’il ait une bonne dizaine d’années de moins que moi, je le rejoignais régulièrement dans son antre. Je me distrayais en sa compagnie : nous élaborions ensemble des sortes de châteaux forts à l’aide de ses plus ou moins grosses peluches. Comme mon benjamin ne rangeais jamais sa chambre – tout comme moi d’ailleurs, je l’avoue volontiers -, je demeurais des heures entières avec lui, à répartir dans les caisses en plastique vouées à cet effet, les innombrables modèles réduits, ou autres, qu’il détenait.

Je me souviens en particulier des figurines en plastique rattachées à la saga de la « Guerre des Étoiles » que mes grands-parents m’avaient offert bien des années plus tôt et dont il avait hérité. Il en a enrichi la collection de vaisseaux spatiaux et autres personnages de cette série de films ; cadeaux de ces mêmes grands-parents au gré des anniversaires et des Noëls. Il me semble que ces accessoires sont toujours rangés dans le grenier de la résidence que ma mère possède actuellement.

Mais, ce sont les Legos qui ont le plus développé mon imagination tout le long de ma préadolescence. Comme mon frère pour ses figurines des « Chevaliers du Zodiaque », ou ma sœur avec ses Barbies, par exemple, je possédais des caisses entières de Legos. Et ces ustensiles de construction pour gamin étaient pratiquement en permanence éparpillés sur le sol de ma chambre.

Il y en avait de toutes sortes : de science-fiction, d’immeubles pour la ville, de trains, de forteresse du Moyen-Age. Il faut avouer que la gamme Lego est d’une diversité incroyable ; et pour l’avoir constaté avec mes neveux de nos jours, elle l’est de plus en plus.

En tout cas, j’ai passé des journées entières au milieu de mes montagnes de Legos ; sans exagérer. Et le plus souvent, j’ai bâti toutes sortes d’engins interstellaires à l’allure délirante. Une fois, je me rappelle, j’ai légèrement déplacé mon lit. Et j’ai dessiné un réseau de chemin de fer le longeant de part et d’autre, accompagné d’une ville.

Il m’a fallu de longues semaines pour l’élaborer. Je revois encore le visage sidéré et mécontent de ma mère que cette énorme composition gênait. Elle prenait tant de place qu’elle l’empêchait d’accéder à mon lit. Une autre fois, j’ai édifié un vaisseau spatial jaune – oui, je me remémore encore parfaitement de sa couleur ! – que j’ai suspendu à l’aide de ficelles au velux encastré dans le plafond de ma chambre. Il y est resté accroché un mois peut-être. Jusqu’au jour où, du fait d’un malencontreux mouvement de ma part en me levant de mon lit, je l’ai bousculé. Et il a explosé en mille morceaux.

Mais l’œuvre dont je suis le plus fier, c’est le titanesque engin spatial que j’ai bâti un peu plus tard. Usant de la totalité des caisses de Legos que j’avais à ma disposition, j’ai fabriqué un gigantesque vaisseau d’environ deux mètres de long sur un mètre de large. Des journées entières assis par terre, avec des milliers de pièces détachées autour de moi, je l’ai progressivement structuré. Faisant fonctionner à plein mon esprit afin qu’il soit le plus beau possible, je lui ai donné corps au bout de plusieurs week-ends d’intense activité. Et j’ai fini par l’installer devant la grande armoire de ma chambre, et juste à coté de la fenêtre ouvrant sur le jardin. Hélas, une fois de plus, au grand dam de ma mère, contrariée que celui-ci ne bloque l’accès des portes du bas de cette armoire.

Au final, après un Été de résistance de ma part pour éviter qu’il ne soit déplacé – où allais-je le mettre ? -, il a fallu que je me résigne à le prendre dans mes bras. J’ai voulu le porter jusqu’à un coin de ma chambre où je pensais qu’il serait à l’abri. Mais il était particulièrement lourd et volumineux. Et du haut de ma douzaine d’années bien tassée, trop encombrant. De fait, au bout de deux ou trois pas, il s’est scindé en deux, puis est parti en morceaux.

A suivre…

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