Comme je l’aimais ma maîtresse d’école ! Comme je l’aimais!
Ma maitresse d’école; je la vis pour la toute première fois lorsque je fus inscrit à l’école communale , un jour de juillet , accompagné par ma Grand’Mère .
Assise, derrière un grand bureau, un cahier ouvert posé devant elle; elle griffonnait des mots que je ne comprenais pas encore!
Je lorgnais une petite boite en fer blanc, ouverte et pleine de « petits beurre »., Ainsi donc , je mettais les pieds dans une école où l’inscription s’accompagnait d’un gôuter! cela commençait donc bien ! C’est déjà à partir de cet instant qu’elle est devenue ma gentille maitresse d’école à moi tout seul !
j’allais entrer dans un monde que je ne connaissais pas et qui transformerait ma vie : l’école !
1er Octobre ! rentrée des classes, du haut de mes cinq ans je partais à la découverte du Savoir, arpentant le kilomètre qui me séparait de chez moi à l’école, accompagné des copains en blouses grises , cape de cycliste et bérets vissés sur la tête. Au fil de la route, notre bande de joyeux drilles grossissait en happant au passage les autres copains. J’avais mis mes souliers à lacets, des chaussures montantes qui ressemblaient plutôt à des sabots, à de lourds godillots ; un beau blouson « d’aviateur » tout neuf, couleur bleu ciel, à fermeture éclair avec des poches sur le devant , et une “culotte longue” qui avait des allures de pantalon de zouave, comme aimait dire ma Grand ‘mère. En octobre, c’était le mois ou les garçons revêtaient des culottes longues ! Un pantalon suffisait pour se donner et prendre des allures d’homme pendant quelques mois et de s’y croire comme par enchantement.
Les premiers frimas d’Octobre teintaient les buissons de rosée et les araignées tissaient leurs premières toiles perlées de gouttes d’argent………
Les souvenirs défilent …je me souviens …. mon regard se fixe sur les images d’un temps qui file vertigineusement par tranche, comme un gâteau coupé en multiples parts…….
Comme je l’aimais ma Maitresse d’école , qui me guida pendant 2 ans , en me donnant les premières armes par la lecture et le calcul, base de tout départ dans la vie.
Comme je l’aimais ma maitresse d’école, qui souriait lorsqu’au printemps je lui apportais les premières fleurs des champs;
Comme je l’aimais ma Maitresse d’école, qui nous faisait chanter autour du sapin de Noël en agitant sa baguette comme un grand chef d’orchestre,
Comme je l’aimais ma maitresse d’école, qui distribuait la pâte à modeler le vendredi et nous demandait de créer selon notre imagination,
Comme je l’aimais ma maitresse d’école, qui me punissait en m’imposant de m’asseoir près de sa Fille Françoise ! ah ce que pouvais détester les filles ! sa fille !
Comme je l’aimais ma maitresse d’école, pour ses leçons de calcul mental, où il fallait tout à coup réfléchir avant de lever nos ardoises.
Comme je l’aimais ma maitresse d’école, pendant les leçons de lecture , d’écriture; “attention aux pâtés , aux pleins et déliés” ! recommandait-elle
Comme je l’aimais ma maitresse d’école qui m’enrichissait chaque jour de plus de savoir,
Comme je l’aimais ma maitresse d’école qui souriait de grand bonheur en me remettant un premier prix de dictée et d’orthographe à la “fête des prix” commme on disait , le jour du quatorze juillet , le jour ou nous mangions de bonnes brioches bien moelleuses….et buvions de la limonade de toutes les couleurs..le jour où la fanfare municipale jouait du clairon et tambour battant, en marchant aux pas plus ous moins cadencés dans la rue principale du bourg , après une halte sur la Place du Monuments aux morts .
Comme je l’aimais ma maitresse d’école …….Comme je l’aimais……
Les années ont passées , ma maitresse d’école s’en est allée pour un voyage sans retour……. Il n’est pas un jour où je ne pense à elle . Maitresse, je vous aime ……..
Merci pour cette belle introduction poétique Philippe !
Nous avons hâte de découvrir vos autres textes…
Bien à vous,
Alain
merci Alain pour votre accueil .
Avec grand plaisir Philippe !