Toujours revenir en arrière
Comme on freine pour retarder l’accident
Sur mon passé j’éteins la lumière
Et plus rien ne me font les somnifères
Forêt bordée de conifères
La voiture avance à pas lents
Et moi, pâli, je claque des dents
Sans arriver à la douce clairière
Oui ! Jardin d’Eden au fruit défendu
Je connais ton paradis terrestre
La merveille des temps révolus
Me consterne et m’attriste et me tue
Que ne suis-je resté damoiseau ?
Haut, dans le ciel un oiseau
Pourfend la lune d’infortune
Qui éclaire mon triste tombeau
L’avenir n’est déjà plus
Je reste là, à attendre
La fin d’une vie qui fut belle
Et qui me quitte, lentement
Tel le pauvre à la vide escarcelle
Je mendie encore un peu de temps
À vivre un bonheur disparu
S’il a jamais été, malgré tout
Je me souviens de soirs plus doux
Jeunesse, tu m’as quitté bien tôt
Et, l’âge venant, je prends conscience
De l’inutilité de l’existence
Oh je sais que nous sommes tous dans ce bateau
Il y aura eu, dès ma naissance
Un étrange parfum d’encens
Venu de je ne sais quelle sorcière
Pourquoi s’est elle penchée sur mon berceau ?
Et je reste là, pauvre sot
À salir toutes mes nuits blanches
Elles étaient draps frais quand je suis né
Confortablement dorloté. Bébé choyé.
Je comprends maintenant que de blanc
Il ne reste que le froid du marbre de la pierre
Qui m’attend …
Ensuite, je n’espère que le néant
Tout paradis serait artificiel
Je ne veux pas monter au ciel
Je serais déçu par ce voyage infini
Qui ne donnerait pas plus de sens à ma vie !
Dieu n’est qu’un cierge de cire
Qui se consume
Lentement
Et, désormais résigné, j’attends…
Très heureux de vous retrouver sur le site Alexandre et merci pour vos partages poétiques !
Nous avons hâte de découvrir vos autres textes.
Bonne continuation et au plaisir de vous lire.
Alain