L’ours & le rucher – Christian Satgé

Petite fable affable

Il fut un temps où Compère ours qui dévore
Tout ce qui pousse et vit, en bon omnivore,
N’était qu’un banal lourdaud de prédateur,
Un chasseur-cueilleur de plus, en bon squatter
Brigandant des vallons ombreux et des sombres
Bois à l’heure triste où les échos, sans nombre
Lassés se taisent, avec les oiseaux chanteurs.

Il mangeait assez peu et mal mais cette cruche
Vint à passer, matin, devant une ruche,
De celles qu’il comptait pour moins que rien.
Or la fringale guette le vaurien.
Alors l’occasion fit ce petit père
Larron : rucher lui semblait fort prospère
Et quête aisée pour un propre-à-rien.

Notre plantigrade n’avait goûté mie
Au délice des dieux , il fut tsunami
Pour le si fragile dôme mellifère.
Ce gras lard se gava, tout à son affaire
Et malgré la gent mellifique, aux bons dards
Maléfiques, que ravagea ce pendard.
Il détruisit tout, comme il savait le faire.

Un carnage accompagna donc le festin,
Pour avettes dont il scella le destin,
Quelques façons, à cette heure, qu’abeilles firent
Et même quelques détours, las, qu’elles prirent.
Mais pour lui et pour la première fois,
C’étaient succulence et abondance, foi
De conteur. Il en eut un large sourire.

Combien est-il de gens en ce bas-monde
Qui, comme de gros ours, plutôt que de vivre
Suivant leurs besoins, en de furibondes
Sarabandes saccagent ce qui veut vivre…

© Christian SATGÉ – mars 2021

Nombre de Vues:

11 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

8 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Anne Cailloux
Membre
21 mars 2021 20 h 46 min

j’ai toujours de la compassion pour mes amis les animaux, mais avec les humains, je leurs trouve aucune excuse et cela et tellement vrai !!
Belle fable affable..

Arnaud Mattei
Membre
21 mars 2021 18 h 08 min

Bien réelle cette fable, bravo

Philippe DUTAILLY
Membre
21 mars 2021 10 h 51 min

Et pourtant, il en faut peu pour être heureux!

Plume de Poète
Administrateur
21 mars 2021 9 h 09 min

Encore une bien belle fable qui malheureusement dévoile bien des vérités d’actualité…
Merci pour ce partage Christian et au plaisir de vous lire à nouveau.