L’orang dégoûté – Christian Satgé

Petite fable affable

Frasques et farces, continûment,
Un jeune orang, de ceux que l’on tance,
Vivait tout seul dans le dénuement.
Du dépit en toute circonstance,
Du déplaisir le reste du temps,
Voilà, de ces jours, tout le constant.

Car, quoi que n’ayant rien pour cagnotte,
Notre singe aimait une mignotte,
Garcelette vivant par ses bois,
Qui, elle, ma foi, n’adorait plaire
Qu’à son miroir toujours aux abois
Et toujours s’en rinçait les molaires.

Elle fuyait les fiers muscadins
Qui, en flatteries, étaient radins,
Mais pas les coquardeaux si loquaces,
Bien que n’étant que coquecigrues,
Fureurs et folies pour les bécasses
Goûtant aux jeux et joies incongrus.
Il voulait lui avouer sa flamme,
Lui dire qu’il la voulait pour femme.
L’insensible courait le goujat
Comme ribaude moquant ce singe
Qui dépérissait par elle, jà
Pour elle torturant ses méninges.

Il devint risée de la tribu,
Qui, sous les quolibets de l’imbue,
Le moquait et lui faisait sévices :
Ces gens sont, pour se faire valoir,
Sans indulgence pour tous les vices
Qu’ils n’ont pas… ou croient ne pas avoir !

Pourtant la jeune sœur de la Belle,
Plus douce et pure que colombelle,
En pinçait pour le pauvre éconduit.
Elle dont le reflet dans la glace
N’égalera l’éclat que produit
Son aînée, lui dit avec des grâces :

« Qui n’aime pas qui l’adore, ami,
Et se voue jusqu’à l’idolâtrie
À qui ne l’aime, est deux fois meurtri ! »

© Christian Satgé – avril 2014

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
2 novembre 2018 13 h 07 min

L’amour sans la réciprocité est toujours cruel. bonne journée Christian.