Haru, qui signifiait printemps en japonais, était le prénom d’une petite fille née dans l’archipel japonais. Il était de coutume là-bas de donner à ses enfants des noms qui possédaient une signification.
C’était le jour de ses six ans et elle était vraiment excitée. Ses parents organisaient une petite fête pour elle le soir même. La petite fille avait vraiment hâte. Sa mère lui avait dit qu’elle aurait son premier cadeau après le petit déjeuner, quant aux autres, elle devrait attendre le soir. Haru se demandait ce que cela pouvait être. L’année dernière, elle avait reçu un poupon et avait décidé que ce serait un petit garçon. Elle l’avait appelé Ichi (Nombre « un » en japonais). C’était son petit garçon à elle, c’est pourquoi elle l’emmenait partout.
C’était une petite fille mignonne et pleine de vie, mais certes un peu capricieuse et qui faisait souvent un tas de bêtises. Elle n’avait pour l’instant, ni frères ni sœurs, c’était un peu l’enfant-roi.
Elle n’était pas très grande pour son âge, toutefois elle était un peu plus intelligente que les autres enfants avec qui elle jouait. Du haut de ses six ans, elle connaissait déjà toutes les sortes de fleurs et de plantes présentes dans son jardin, ainsi que toutes les espèces d’oiseaux que l’on pouvait apercevoir. Sa passion pour la nature lui avait été transmise par ses parents. Ils adoraient tous les deux le printemps, qui était la saison des floraisons. La plus belle que l’on puisse connaître au Japon. Les parents de la petite fille s’étaient rencontrés lors du Hanami, qui n’était autre que la célébration de la floraison printanière des cerisiers ou « Sakura » en japonais.
La fillette enfila une ravissante petite robe rouge, qu’elle assortit d’un chapeau de paille. Elle voulait être belle pour recevoir tous ses invités.
Haru se rendit ensuite dans le salon pour voir l’heure : il était seulement 6h30 et ses parents ne se levaient que rarement avant huit heures. Elle retourna donc dans sa chambre. Elle sortit sa dînette et fit manger Ichi.
Elle aimait beaucoup jouer avec son petit Ichi, mais elle avait pourtant hâte d’avoir son premier cadeau. Elle hésitait à aller dans la chambre de ses parents pour les réveiller, toutefois elle savait qu’elle risquait de se faire gronder. Mais après tout c’était le jour de son anniversaire ! Oseraient-ils la fâcher en ce jour si particulier pour elle ?
Ils savaient qu’Haru était vraiment impatiente que son anniversaire arrive, puisqu’elle leur avait répété sans cesse depuis au moins une bonne semaine.
Bon, se dit la petite fille, j’attends encore un petit moment avant de les réveiller. Ce qu’Haru ne savait pas, c’est que ce n’était pas elle qui allait sans charger.
Il était maintenant 7 heures et la petite fille commençait à avoir faim. Elle ne pouvait plus attendre le petit déjeuner, alors elle se dirigea dans la cuisine pour voler des petits gâteaux. Elle vit le soleil briller par la fenêtre. Elle n’avait pas le droit de sortir dehors sans ses parents, mais elle décida de le faire quand même. Elle emmena Ichi avec elle dans la cour et joua avec lui. « Alors Ichi que penses-tu que mes parents ont décidé de m’offrir ? ». Elle espérait une nouvelle poupée. Elle l’avait fait savoir à ses parents à de nombreuses reprises durant l’année qui s’était écoulée, et peut-être qu’ils avaient pris en compte son souhait.
Elle en avait vraiment marre cette fois-ci d’attendre autant. Pourquoi ses parents ne se levaient-ils toujours pas ? Que c’était long… Comme toutes les petites filles de son âge, elle voulait son cadeau. Elle était aussi très pressée que sa petite fête arrive. Ses parents avaient invité toute sa famille. Il y aurait son oncle, qui était un farceur et la faisait toujours rigoler, son cousin avec qui elle aimait s’amuser, mais également sa cousine qui avait de si beaux cheveux. Haru rêvait d’avoir des cheveux aussi magnifiques, ils étaient tellement longs et brillants. Cependant, il y aurait également la voisine, une amie de ses parents, et cela la fit grimacer , la voisine voulait toujours lui faire des bisous et c’était pénible.
Tout en s’amusant avec ses jouets dans la cour, elle s’imagina comment allait être cette petite fête. Elle était certaine qu’elle allait beaucoup s’amuser. Elle entendit son ventre gargouiller. Elleretourna à l’intérieur pour manger d’autres petits gâteaux. Sa maman les faisait si bien. Un vrai délice, elle avait hâte qu’elle lui apprenne à les faire. Je t’apprendrai quand tu seras plus grande ma chérie, lui avait-elle dit.
Elle retourna dans le salon pour regarder l’heure : 8h00. Génial, ses parents n’allaient pas tarder. Elle allait attendre encore un petit peu et s’ils ne se levaient toujours pas, ça serait elle qui irait les réveiller.
Elle prit une feuille en attendant, et dessina sa ville qu’elle aimait tant, la seule qu’elle avait connue depuis qu’elle était née. Elle était persuadée que les autres n’étaient pas si belles, tout en ne connaissant que celle-là.
8h16, le 6 août 1945, à Hiroshima, Haru n’aura jamais eu le temps de réveiller ses parents, Little Boy * et l’onde de choc qu’il provoqua se chargea de les réveiller. Ce fut le dernier jour de la vie d’Haru, ainsi que de celle de son papa et de sa maman qui ne survécurent pas à la bombe atomique lancée par les américains sur Hiroshima.
* La première bombe atomique, lancée sur le Japon par les américains, fut nommée « Little Boy » et la deuxième fut nommée « Fat Man » et explosa sur Nagasaki. La bombe Little Boy sortit de la soute à environ 8h15 et à 8h16, après un peu plus de 43 secondes de chute libre, elle explosa en plein cœur de l’agglomération d’Hiroshima en tuant instantanément des dizaines de milliers de personnes et détruisit tout sur un champ de 2 Km² autour de l’épicentre. De nombreuses autres victimes, ont succombé peu de temps après, des suites de graves brûlures.
Extrait du recueil de nouvelles à chute “l’échappatoire de l’âme”
© 2016 Auteur Élodie Malval. Tous droits réservés.
© Photographie appartenant à Élodie Malval
Magnifique texte et malheureusement , un douloureux événement.
Bonjour, je vous remercie de votre lecture!
Merci j’aime ce beau et enrichissant partage.
Merci à vous pour vos mots d’encouragements !
Doucement conté, comme il se devait être
pour ce moment pauvre de joie supprimant
d’un claquemet vie humaines en quelques secondes
Merci
Merci pour votre commentaire :) C’est en effet un sujet qui me tenait vraiment à cœur