L’escargot dans l’arrosoir – Christian Satgé

Petite fable affable

Condamnable régime que l’humidité
Fade : l’eau, ma foi, ne convient qu’aux grenouilles
Et aux escargots. C’est une vraie vérité
Que nous allons ici contrecarrer, Gribouille !

Un gastéropode harassé trouva refuge,
En temps de canicule, où ce triste transfuge
Avait du mal à se traîner, mat et soir,
Au fond d’un arrosoir. Certes en ce déversoir
Il n’y voyait goutte mais l’ombre toujours fraiche
L’humidité constante faisaient de la crèche
Un véritable Eden, soit dit sans nuancer.
Pourquoi ses frères n’y avaient-il point pensé ?!
Cons comme leur pied, leur cerveau de mollusque
Les condamne à la mousse et aux vertes lambrusques !

Brusquement, notre caracole est secoué,
Semble s’élever aux cieux. Est-il jouet
D’hallucination ?! Le bigorneau de terre
A donc le mal de mer et puis, ça l’atterre,
Boit copieusement la tasse : on le noie
Sous une averse torrentielle qui croît
Son tout petit corps dans un fracas de tonnerre.
On balance et on remue cet être ordinaire
Avant que de libérer de sa prison
D’eau. Mais à peine a-t-il soufflé que, sans raison,
La torture reprend, et qu’encore et encore
Il est baigné jusqu’à suffoquer. Albacore
N’est pas plus mal traité ! Expirant, il songea,
Désappointé, qu’il n’est ici-bas de goujat,
Même envers les plus froissées et ternes coquilles
Et les yeux tatônneurs qui fort peu se quillent,
Qui ne transforme un petit puits de bonheur
En un vaste abime de douleurs à son heur.

© Christian SATGÉ – Novembre 2020

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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