Les sens en ébulition -Anne Cailloux

Un chemin torride.

 

Sur une route qu’il ne connaît pas, mais qu’il a tant imaginé..

il patiente, de son regard traînant sur l’horizon..

Enfin l’invitation tant attendue. Un dîner qui préserve une nuit sans fin

Le regard se fait douceur, l’envie monte en tous sens, imperceptible.

Un silence inhabituel s’installe avec pudeur.

 

 

Les mains se frôlent sur le bord de l’assiette. Aucun geste ne se fait par hasard,

elle suspend le mouvement dans l’air, puis glisse sur le bout de ses doigts, comme une pianiste suivant les notes.

Le parfum vaporeux de la belle, offre des effluves de trésor capiteux et d’une fève de tonka aux amandes,

se faisant léger comme un nuage, laissant l’odeur corporel agir,

dans son pouvoir de séduction, il charmera, dans tous les sens du derme.

 

Sa démarche se fait féline, les mouvements de ses hanches se font charnels, dans une indécence,

où l’essence de son âme joue son rôle à la perfection,

d’un soupir accompagnant sa démarche, offrant son empire de charme.

Les gestes sont sensuels jusqu’aux bouts des limbes, les yeux se déshabillant jusqu’à l’iris.

La voix, se fait chuchotis, caressante, les yeux se mêlent, le café refroidit..

 

Elle devine la suite, elle connaît cet homme parfaitement, ses envies et son éducation.

Elle va débarrasser la table, il se proposera de l’aider avec un sourire d’attirance,

elle lui répondra au creux de l’oreille : que c’est une évidence.

L’évier sera l’objet du délit, collé contre lui elle lavera les assiettes comme jamais elle ne l’a fait,

s’imaginant tout autre…

 

L’amoureux viendra derrière elle, lui proposant ses mains sur les siennes.

Sa voix est chaude, douce, presque inaudible.

Prise en flagrant désir, elle ne peut que balbutier un oui si bas, dessinant les envies dans ce ton.

Le contraste entre les mots anodins et l’intonation du chuchotement de sa voix pavlovienne si sensuelle,

fait encore plus d’effet.

 

Vraiment rien n’est fait au hasard.Les mains se frôlent et s’immobilisent enfin,

le savon glisse, les doigts s’entremêlent.

Elle sent son souffle passionné sur sa nuque.

Ses paroles à lui, sont encore plus anodines que les siennes à elle, sans équivoque,

c’est une déclaration d’amour.

Ses lèvres sont enflammées, d’avoir trop attendu ses baisers.

Le Graal…

 

De la cuisine à la chambre, il n’y a qu’un pas de deux, enlacés dansant aux rythmes du plaisir qui s’annonce.

Son parfum restera imprégné sur ses draps, elle se lovera à l’infini au milieu de ses effluves.

Ses mains fermes et douces descendent sur un territoire conquis, doucement,

si doucement qu’elle ne sait plus si elles se sont arrêtées en cœur de route.

Il va goutter en liminaire à ses mots, qu’elle va oser lui susurrer, comme elle l’a fait si souvent.

 

Elle va aller chercher ses frissons aux creux de ses reins et cela sans bouger une seule partie de son corps,

seule sa voix suffira : les cinq sens aux aguets.

L’homme effleure du bout des doigts le bas de sa hanche puis,

s’interrompt sur un mot qu’elle prononce, se transformant en soupir, sur un regard qu’elle n’ose lui offrir.

Capturant les courbes de ses pulsations qui montent, son cœur s’affole.

La bouche de cet Adonis, va goûter aux lèvres, tant inespérées de la belle,

le rouge à lèvres au goût framboise, se nichera au bout de sa langue, en redemandant en corps et encore.

 

Puis, elle goûtera à sa peau, à en devenir accroc.

Les framboises se déposeront de ci de la partout sur son corps

L’amour sera oublié, pour le plaisir des sens.

Il ne se souviendra même plus de son dîner du soir…

 

©Anne Cailloux

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (354)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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Invité
30 décembre 2018 18 h 03 min

“Aucun geste ne se fait par hasard” et aucun mot n’est dit pour le vent. Alors, je vous dis que cette ballade toute en sensualité est une belle réussite qui sonne aux oreilles comme au souvenir comme une symphonie inachevée. Bravo et Merci.

Eric de La Brume
Membre
30 décembre 2018 10 h 42 min

Ohlala! On est pourtant en plein hiver et la température est en dessous de 0. On a plus besoin de chauffage central en lisant ça et c’est agréable à la lecture.

Christian Satgé
Membre
29 décembre 2018 17 h 07 min

Une vraie petit anecdote toute en sensualité et en beauté où le verbe n’est pas au commencement mais à la fin, celle qui permet de narrer ladite histoire où le désir d’aller plus loin et le plaisir de savoir que qu’il existe un horizon au-delà est au détour de chaque paragraphe. Un texte très charnel dont vous avez le secret…

Invité
29 décembre 2018 16 h 43 min

texte tout en sensualité, sans préjudice, d une invitation… joliment déclarée
Bravo ^pir vos mots Anne
Ol