Nous avons amorcé hier une réflexion sur les 2 sources en l’appliquant à notre mental.
Transférons-la sur notre spiritualité, à savoir à ce qui nous relie à Dieu et aux autres.
A nouveau, commençons par interroger les textes scripturaires fondamentaux.
Nous lisons en Genèse 1,26-27 : « Dieu dit : faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ».
Serait-ce suite à la lecture de ce verset que Jean-Jacques Rousseau soutenait dans son Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes que l’homme naît naturellement bon ? A y regarder de plus près, on ne peut qu’être saisi par un doute car, bien que converti au catholicisme, ce philosophe des lumières a abandonné ses 5 enfants et les a placés aux Enfants trouvés !
Il semble s’être arrêté au premier chapitre de la Genèse et ne pas avoir lu, que juste ensuite, les enfants d’Adam et Eve s’entretuent, Caïn assassinant Abel par jalousie.
Est-ce à dire qu’il y aurait deux sources en l’homme ?
Un petit retour au livre de la Genèse peut nous éclairer sur la question.
Dieu avait comblé Adam et Eve après les avoir créés totalement libres.
Libres de choisir de puiser leurs pensées, leurs paroles, leurs désirs et leurs actions dans l’une ou l’autre des deux sources de leur tréfonds.
La suite de leur prime expérience de la liberté nous montrera que quiconque peut puiser aux deux sources, tôt ou tard, essayera de puiser dans les deux (au lieu de se limiter à la “bonne”).
Dans le livre suivant, celui de l’Exode, Dieu nous place face à ce choix des deux sources. Et l’on y entend comme refrain Je t’en prie, choisis la vraie vie ! La bonne source autrement dit.
Nous retrouvons cette mise en garde et ce conseil dans cette citation anonyme (attribuée abusivement à Mère Térésa, à Gandhi, au Dalaï Lama, à Mahomet…) extrêmement répandue sur la toile :
Prends garde à tes pensées car elles deviennent des paroles
Prends garde à tes paroles car elles deviennent des actes
Prends garde à tes actes car ils deviennent des habitudes
Prends garde à tes habitudes car elles deviennent ton caractère
Prends garde à ton caractère car il devient ton destin.
Le discernement de la source relève d’une décision au quotidien.
Un choix qui puise dans nos profondeurs et qui atteint celles de notre entourage.
La méditation bouddhiste ou transcendantale nous présente notre conscience comme un lac ou comme un étang. Les pensées, les sentiments, les impressions etc remontent depuis ses profondeurs. A nous de nous y plonger pour identifier leur source, pour évaluer leur positivité ou leur négativité. Lorsque ces bulles arrivent à la surface, elles peuvent exploser et devenir incontrôlables.
Les deux sources sont à la fois en notre tréfonds et autour de nous. Du moins ce que l’on nomme bon au mauvais esprit peut nous influencer du dedans ou du dehors, un peu comme Milou lorsqu’il doit porter un message urgent et qu’il croise un os très appétissant et qu’à ce moment deux voix l’interpellent, son ange et son démon dira-t-on.
Pour ne pas laisser sortir des paroles nuisibles par notre langue qui est, comme le rappelle Saint Paul, une épée à double tranchant, nous pouvons aussi nous référer au triple filtre socratique. Avant d’ouvrir notre bouche, posons-nous trois questions sur la phrase qui ne demande qu’à s’échapper de notre bouche :
Cela est-il vrai ?
Cela est-il bon ?
Cela-est-il utile ?
Si l’une de ces trois réponses est négative, la parole le sera aussi.
Et comme nous l’avons vu, toute parole devient acte, puis habitude, puis caractère et enfin destin. Aussi est il important de la soupeser par trois fois, voire tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler comme le dit la maxime populaire.
Celui qui s’initie à reconnaitrai la source de ses pensées verra peu à peu cette introspection devenir non pas une habitude, mais un habitus : une façon d’être qui guide nos pensées, nos paroles etc en un mot toute notre vie.