Le pot aux roses – Christian Satgé

Petite fable affable après et d’après J. de la Fontaine,
Le Pot de terre & le Pot de fer, Fables, Livre V, fable 2

Le Pot de fer refusa
De payer, et sans ambages,
Les pots cassés, s’excusa
Mais ajouta, au passage :
« C’est pas de pot, ou si peu,
Mais le pot de terre étant creux,
Il fut, disons bien la chose,
D’sa propre perte la cause ! »

Bref, si l’autre est morceaux
C’est qu’il a manqué de pot !
Lui, il fallait qu’il retienne
Ses pleurs de peur que ne vienne
La Rouille rongeant son fer.
Ah, Ce pot-au-noir, enfer
Et damnation, est dure
Punition. Sans parjure,
Nul pot ne le plaint, au vrai,
Ne soutient ce pauvret !
« Je souffre de rebuffades
Pour une simple cagade,
Un petit pas de côté
Accidentant un va-nu-pied
Alors qu’avant qu’il ne pleuve,
On oubliera c’t empoté,
Remplacé par jarre neuve ! »
Le pot de vin lui glisse, à ce mea culpa :
« Las, combien de Grands, et sans rire aux éclats,
Se disent responsables à plaindre,
Mais pas coupables si faute il y a, nigauds
Voulant que, sur eux, on aille geindre,
Sans tourner autour du pot ! »

© Christian Satgé – avril 2017

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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