Lors d’un séjour en France
Dans la maison de mon enfance
Des membres de la famille étaient réunis
Pour le repas de midi.
Et mon oncle me dit:
“Où donc est né ton mari
Dans quelle région de France
A-t-il passe son enfance?
Et je lui répondis, sans m’émouvoir:
C’est un pied-noir
Il n’a plus de nation
Il ne vient d’aucune région.
Un air glacial sur les invités tomba
Pas un bruit ne perça
Personne ne parlait
Personne ne bougeait.
Les visages tendus les mâchoires crispées
On entendait presque les dents grincer.
Les regards me fusillaient
Et mon oncle, bouche bée se taisait.
Pas un son, pas un mouvement
Un épais silence de mécontentement
Planait à l’horizon.
Chacun évaluait la situation.
“Pied-noir” est donc si horrible?
Être mariée à un pied-noir est si terrible?
Je n’ai pas volé
Je n’ai pas tué.
Je ne suis pas une droguée
Je ne suis pas une prostituée
Je ne suis pas une alcoolique
Peut-être suis-je une lunatique.
Enfin je l’avais dit
Presque crier aussi
Je m’étais finalement libérée
Et je m’étais émancipée.
En ce moment précis
Je me rappelais la raison
Pour laquelle j’avais quitté mon pays
Pour un autre horizon.
©N Laroze
Bernadette, merci pour votre poème qui m’entraîne dans mes souvenirs ! Oh comme je vous comprends, vous êtes encore bouleversée en l’écrivant ! Je suis née en France, mais revenue du Maroc en 1960, mariée à un pied-noir. Je connais bien le problème. Amicalement, Simone.