Ce poème en vers libre tient autant du souvenir que du « fantastique social ». Car, dans ce lieu hors du temps, blotti aux confins de la ville dans une ruelle où il était le seul ornement, n’entraient alors en semaine que des affranchis, hommes et femmes. Sous de changeantes lumières, dans un mélange compliqué de parfums, ils dansaient à la perfection, « noués comme des vipères » selon la dure expression de Mac Orlan, loin des regards de la ville bourgeoise.
LE MONTMARTRE, CABARET-DANCING
(Une nuit de l’hiver 1969)
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Les lueurs pourpres de l’enseigne
Imitant une écriture haute et penchée
Se reflètent sur la neige, toute neuve,
Comme des traînées de sang pâle.
Un tango, célèbre dans les années cinquante,
Hache la nuit de son phrasé cruel et languide.
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Passée la porte, doublée de tôle,
Sur laquelle déteint le safran d’une affiche,
Passé le sas triangulaire qu’ouvre,
À bon escient, la plus âgée des douze Sœurs,
Un décor fané se métamorphose
Sous les jeux de la lumière noire.
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Un orchestre, méticuleux,
Se niche dans un moulin de plâtre vermillon.
Une farandole incendiée de danseuses de cancan
S’étire sur l’un des murs.
Au-dessus du bar, une glace ourlée de photographies
Se moire de l’écho des petites lampes rouges.
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Prêtresse de l’ombre, maîtresse des lieux,
Madame Huguette, blonde, enrobée, belle encore,
Ne trouble, ni de sa voix cassée, ni de son rire épais,
Les enroulements des danseurs.
Elle accueille avec indulgence
Les passagers de la nuit, les voyageurs du petit jour.
Je m’y crois encore ,c’était fabuleux comme votre récit Merci !
Bon samedi ! Colette
Une belle ambiance de ces nuits parisennes où les soucis du jour se noient dans la magie des sons et des couleurs, de l’amour et de la volupté
Merci du partage
Et tout peut commencer
la nuit tout est permis
beau décor et ambiance feutrée
merci de ce moment
Notre Montmartre des artistes et des folies parisiennes, faites nous les vivres encore longtemps.
C’est un régal Guy ! Merci pour ce beau partage poétique qui laisse glisser les mots à la lecture sur la piste de dance et nous entraine dans une ronde merveilleuse d’antan…