Hier, je suis passé chez le marchand d’oubli,
Je lui ai demandé cent ans d’inexistence,
Et puis de désamour, plus cent ans de silence,
Et puis d’obscurité, seul au fond de la nuit.
Je lui ai acheté un efface-bonheur,
Un enlève-baisers avec un oubli-lèvres,
Plus un lave-cerveau ainsi qu’un ôte-fièvres,
Un grand écarte-bras et un arrache-cœur.
Il m’a fait un paquet aux coins carrés et raides.
Je croyais voir s’enfuir toutes mes illusions,
Et pouvoir déposer, ici, tous mes haillons.
Puis il m’a dit : surtout, prenez bien vos remèdes !
Je suis parti pensif, voulant tout oublier,
Plein de résolutions, j’ai marché jusqu’ici,
Mais tous mes souvenirs y sont venus aussi,
Et je n’ai, malgré moi, pas pu les effacer.
J’ai jeté mon paquet dans le cours du flot bleu,
Il a coulé tout droit, car ta bouche est si tendre,
Et ta voix claire et pure est si douce à entendre,
Que je t’aime trop pour t’oublier même un peu !
Un charme à la Prévert mais le poème finit bien (je trouve) et c’est bien agréable…
L’amour on le jette, mais ne voilà-t-il pas qu’il rebondit tel un écho que l’on reçoit en pleine tête !!!
Vraiment ravie de te relire ici et de te souhaiter la bienvenue !
j’ai illustré d’un paquet carré …
à bientôt pour autre poème classique j’espère ?