Le fermier qui la fermait – Christian Satgé

 
Petite fable affable
 
Ce vieux fermier était un taiseux :
Un geste lui coûtait moins qu’un mot.
Avare de sons, notre bouseux
Vit, un jour, un notaire grimaud
Venir, tout sourire, jusqu’à lui ;
Il était volubile à souhait,
Parlant du soleil et la pluie,
D’un ton alerte. L’autre, muet,
Attendait que tous ces vains propos
Laissent place au vrai et au concret.
Le tabellion fit le tour du pot,
Atteint de verbale diarrhée,
Puis demanda au Silencieux,
 S’il consentait à la lui vendre, enfin,
Maintenant qu’il était mal et vieux,
Arpents et champs dont lui avait faim.
Le fermier lui présenta, sympa,
Son fusil et fit d’un air buté :
« Garde-toi du chien qui n’aboie pas
Comme de tout être qui se tait ! »
 
© Christian Satgé – mai 2014

Nombre de Vues:

14 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires