L’animal de l’ancêtre – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Aboyant peu, jappant sans ruse ni mystère
À tout ce qui gêne le repos sur la terre,
Du moucheron au facteur, il faisait profit
De tout : on le boude, on le fuit,… c’est qu’on l’envie ;
On l’aborde ou on l’appelle c’est donc qu’on l’aime.
Ah, la Vie est simple  pour les simplets, quand même !

 

Matin, la prison forclose où vit l’animal
S’ouvre. L’aïeule avait dû la fermer mal,*
Je suppose et, comme elle se perdait les chèvres,
Cela n’étonna guère que les plus mièvres
Qui s’en émurent et traquèrent notre fugueur
Qui passait, ainsi, pour un ingrat profiteur.

 

Dès que la faim le tenailla un brin, sans peine,
On le trouva et on le rendit à l’Ancienne
Qui s’abîma en remerciements répétés,
Pour ce beau cadeau : elle avait tant souhaité
Une bête, en vrai, pour meubler sa solitude ;
On avait pour elle tant de sollicitude,…

 

Dans un monde sans mémoire, sans ergoter,
L’oublié prend vite valeur de nouveauté !

 

© Christian SATGÉ – Novembre 2021

*clin d’œil à Georges Brassens (le gorille)

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
18 novembre 2021 21 h 41 min

Que j’aime cela, c’est tellement vrai, si on pouvait parfois oublier pour aimer de nouveau ou faire autrement. Merci Christian, trés beau texte.