La perche tendue – Christian Satgé

       

Petite fable affable

Monsieur Perche vient donc de convoler ici.
Pour un poisson c’est aisé. Parole !
Il est tant de belles, allant de là, de ci,
Nageant entre algues et groles…
Lui est beau, le sait et le dit,
Ce qui laisse plus d’un ébaudi
Ou fait se questionner. Suffisance ou bien rôle ?

Notre perche fraye donc et sans s’effrayer
Et sa Dame, pâmée, s’exclame :
« Je t’aime, mon beau débraillé ! »
Il répond, fier faraud, que le brochet l’en blâme :
« Moi aussi… je m’aime, ma chérie ! »
Laissant sa Marie un peu marrie
Mais elle l’adore, cette belle et bonne âme…

Quand ils croisent, tous deux, carpe ayant du bagou
Qui de son choix le félicite
D’un « Madame est belle. Tu as vraiment bon goût ! »
Il répond à ce plébiscite
Que « Non, c’est elle qui en a ! »
L’autre n’osant, bêta béant,
Se mouiller plus avant, se tait et fuit ce scythe.

Dans toutes les eaux, les requins
Autant que le fretin, sans jeter d’anathème,
Sont gens n’aimant qu’on ne complimente qu’eux-mêmes,
Du ton taquin du vrai faquin.

 

© Christian Satgé – février 2014

 

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Invité
31 octobre 2018 13 h 34 min

Christian, très bonne pêche !!!