La pensée comme un arbre – Jean-Marie Audrain

 

Hier nous avons vu comment une pensée qui s’enferme sur elle-même peut devenir un intégrisme intolérant. Aujourd’hui intéressons nous à une pensée au niveau de son développement, comme on parle de la croissance d’un arbre.

 

Il faut d’abord se souvenir que les successeurs des grands penseurs les ont souvent enfermés dans l’idéologie qu’ils en ont tirée, comme si ces têtes pensantes n’avaient pas évolué au cours de leur vie. C’est le cas de tous les penseurs de Platon à Sartres. On leur a collé une étiquette et les a enfermés dans la boite portant cette étiquette. Force est de constater, par exemple, que le Marx de la maturité n’était plus le Marx du fameux manuscrit de 1848, ni même celui du Capital. On dit que ceux qui ignorent cette évolution sont des marxistes et ceux qui intègrent cette évolution doivent être appelés marxiens. Cette vision de la pensée comme un arbre est intéressante si on l’applique aux grands textes spirituels, principalement à ceux du bouddhisme et du christianisme. Ces deux pensées ont d’ailleurs un noyau commun inaltérable que l’on pourrait nommer la compassion ou la miséricorde.

Attardons-nous sur la pensée du christianisme. Le nom « chrétien » est cité pour la première fois à Antioche au milieu du premier siècle. Il désignait les personnes suivant les paroles de Jésus Christ (adjectif formé sur Christos) Avant que naisse tout dogme, le chrétien se reconnaissait à deux choses : il rompait le pain en mémoire du Christ le jour du Seigneur (le samedi puis le dimanche) et il priait selon ses paroles, ce que l’on appelle aujourd’hui le Notre Père.

Les sources premières de cette pensée sont donc la Bible, qui en est la graine, spécialement le livre de la nouvelle alliance ou nouveau testament, et la vie de Jésus qui est la Parole de Dieu qui en constitue les racines vivantes. Il n’y avait plus à interpréter la parole de Dieu comme dans l’ancien testament puisque Jésus vivait au quotidien ce qu’il annonçait et proclamait. Par la suite, de ces racines est né le tronc que l’on a appelé l’Eglise chrétienne. Certains ont voulu y greffer des branches idéologiques non compatibles avec le tronc et les racines spirituelles, par exemples celles qui prétendaient que Jésus n’était pas un vrai homme, ou pas vraiment Dieu.

Les représentants de l’Eglise chrétienne se sont à chaque fois réunis et ont élagué ces mauvaises branches. C’est ce qu’on a appelé les conciles. Cet arbre qu’est la pensée chrétienne (plutôt que la doctrine) ont connu des greffons de branches déviantes plus insidieuses que les hérésies ariennes ou cathares. Je citerai par exemple le dolorisme, courant de pensée ayant contaminé la pensée chrétienne en faisant l’éloge de la mortification et de la douleur recherchée pour elle-même.

Inversement, comme tout organisme vivant révélant ce que contenait sa graine initiale, il y eu un enrichissement de cette pensée par ce qu’on nomme développement dogmatique. Une richesse pour la majorité, une invention pour les autres ne voulant voir que la graine, la Bible. Je vous laisse jardiner, pardon, méditer, sur cet arbre bimillénaire.

Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (772)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : https://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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