La mer était atone en ce soir monotone
Comme toi mon amour ! Et l´écume rampait
Dans le contrecourant d´un vent fort qui fouettait!
Ton silence effeuillait mon voile gris et morne
Désormais sans couleur, la rose de mon cœur
S´étiolait au creux d´une paume tranchante
Et quand un noir sursaut qui glaça ma charpente
D´effroi me réveilla, Je te vis, dans mon pleur
Toi l´été de mes jours, ma belle et douce amphore
L´étoile de ma nuit, tout en moi se noircit
Quand tu claquas la porte sur mon amour rancit
Ah que t´ai – je donc fait? Si ce soir tu m´ignores
Comme le dieu des cœurs est moqueur et taquin
Il tâta dans mon cou une parcelle de chaire
Encore fraiche et rose pour marquer sa molaire
Dans la peau innocente, infuser son venin
Que le philtre d´amour est cruel et injuste
Il me fit t´aimer plus quand tu m´aimas que moins!
Quel maudit cauchemar que de te voir au loin
Battre tes ailes rouges et partir, auguste!
Le réel est violent pour l´âme en chagrin
Comme le vent tourmente une barque égarée
Dans une mer trop haute et la coque trouée
Fait couler le rameur dans un noir lendemain!