La dernière Plaie – Naëlle Markham

Bonjour à tous ,

En écrivant l’épilogue de la Porteuse de pluie, j’avais envie de retrouver Gaïa et sa sœur Hestia dans un passé que je leur imaginais commun. J’ai donc décidé de me faire plaisir en me lançant dans cette nouvelle aventure, en remettant à ma sauce les dix plaies d’Égypte, que j’ai ancrées dans la science pure, mais aussi dans la science-fiction puisque les Terriens côtoient au quotidien des visiteurs d’une planète sœur et avec un peu de paranormal, puisque ces visiteurs ont des dons divers. Après tout, ils sont les ancêtres des porteurs de pluie…

Le roman est désormais en ligne, sur Amazon. Vous trouverez quelques extraits qui vous donneront une idée de son contenu.

Les visiteurs sont originaires de Hestia, planète sœur de la Terre, donc je les désigne par le terme “Hestiens”.

P.S. : La photo, ratée, utilisée en couverture (sans la pyramide) a également une histoire: elle a été prise à contre-jour à travers la vitre d’un car touristique qui sillonnait Los Angeles pour faire découvrir les demeures de stars à ces pékins de touristes. Ce jour-là, je fêtais mes cinquante ans … La photo de couverture de mon avatar a été prise deux jours plus tard quelque part sur la route 66 dans le désert d’Arizona.

Extrait du chapitre III

Première rencontre

— Les Hestiens comptent donc des criminels et des assassins dans leurs rangs ? ironisa Abina.

— Pourquoi n’y en aurait-il pas ? Même certains de vos dieux le sont, non ? Nous sommes, tout comme vous, un peuple composé de gentils et de méchants, d’érudits et d’ignorants, d’égoïstes et de généreux.

— Tout cela décliné au masculin, je n’ai pas vu une seule Hestienne… Où sont-elles ? Sur Kallisté ? Sur l’Autre Terre ? Vous avez des femmes ?

Extrait du chapitre IX

Selima pense qu’il y a anguille sous roche

— Abina, tu sais pourquoi Bek nous a convoquées ? La nuit est tombée depuis longtemps…

— Pas la moindre idée, mais Rebe faisait une drôle de tête en nous transmettant le message, encore pire qu’hier après-midi.

Selima renâcla, comme elle l’avait fait la veille.

— Quand Bek t’a convoquée une deuxième fois ? Toute seule, pour une nouvelle série d’examens ? Et cela à peine quelques heures après la première ? Et pour quoi faire d’ailleurs ? Les premiers n’ont pas suffi ? Et puis le jour de Seth en plus ! Franchement il aurait pu éviter. De toutes les journées maléfiques, celle de Seth est la pire.

Selima observa sa compagne d’un air soupçonneux. Elle ne lui avait pas tout dit, elle en jurerait. Des tests qui vous font sourire sans arrêt ? Cela avait commencé la nuit d’avant, quand elles avaient regagné leurs pénates après la première séance d’examens. C’était encore pire depuis qu’elle était revenue la veille. Et elle y était restée pendant des heures ! Il l’avait droguée ? Ou pire ? Qu’est-ce qu’elle cachait ?

— Abina !!!

— Oui, ma chérie…

— Rebe et moi, on va se marier et on aura plein d’enfants…

— Oui, ma chérie…

La fillette hurla.

— J’en étais sûre, je peux dire n’importe quelle sottise, tu ne m’écoutes pas.

Abina sursauta, prise en flagrant délit de rêverie.

Extrait du chapitre XI

Bek à la rescousse

— Rebe, tu as ses constantes ? Je viens de la déconnecter d’un appareil comme je n’en avais jamais vu. Je ne sais pas ce que cela lui a provoqué, on dirait un état de choc.

— Le cœur n’est pas le problème, c’est au niveau de son énergie vitale que ça coince, répliqua Rebe dans son luminonde. J’aurais juré que c’était impossible en si peu de temps, mais on dirait que son champ d’énergie est presque à sec, comme si on le lui avait aspiré.

— La machine ?

— Quoi d’autre sinon ? Dépêche-toi, elle a besoin de récupérer plus de la moitié de son énergie dans les prochaines minutes pour s’en sortir.

Bek n’avait pas attendu les commentaires de Rebe ; une fois le contact établi avec Gaïa, il avait laissé couler son énergie à travers lui pour la transfuser à la jeune femme toujours évanouie. Le lit était trop haut, il peinait à maintenir une position bancale, une main au sol, l’autre sur la gorge d’Abina. Rebe commentait les données transmises par le bracelet.

— Ce n’est pas normal, je ne sais pas pourquoi, mais c’est trop lent. L’énergie de Gaïa à elle seule ne suffira pas, trouve autre chose. Et vite !

— La chaleur ?

— Oui peut-être, mais je n’y crois pas trop. Tu devrais plutôt partager ta propre sphère d’énergie. En temps normal, elle est destinée aux accouplements avec nos femmes, mais comme tu n’as aucune candidate en vue…, persifla Rebe.

— Attends que je revienne, toi, je vais t’arracher la langue.

— Comme tu voudras. En attendant, tente quelque chose. Fais attention à toi quand même, tu n’es pas censé utiliser ta sphère de cette manière, alors pas moyen de prévoir ce qui va vous arriver.

Bek inspecta les alentours, arracha plusieurs couvertures de l’autre lit vide, souleva Abina d’un bras et s’étendit sur le sol, la laissant glisser sur lui. Il l’emmaillota avec les couvertures qu’il avait récupérées et renoua le lien avec Gaïa. La dernière étape allait être la plus compliquée, et la plus risquée, autant pour Abina que pour lui. Mais avait-il le choix ?

Extrait du chapitre XIV

Le choses se gâtent

— Elle est intelligente, mais quel sale caractère ! Une vraie petite mégère, commenta Bek.

— Je sais bien, mais je l’aime comme elle est. Tu verras, ce soir elle aura tout oublié et me cherchera à corps et à cris.

— Si tu le dis…

Il allait rajouter quelque chose quand une secousse infiniment plus violente et prolongée que la précédente les figea. Abina se sentit chavirer et se raccrocha à Bek pour ne pas tomber. À proximité de leur position, d’autres personnes sans appui à portée de la main s’affalèrent. Toutes les tentes furent soufflées comme sous l’effet d’un vent violent alors que les rares constructions qui s’y trouvaient se lézardèrent avant de s’écrouler avec fracas.

— Bek…

Elle se tut en le voyant, lui qui était d’habitude très pâle, devenir blanc comme la craie et murmurer pour lui-même.

— C’est pas bon, pas bon du tout. Même le plus gros des rochers attendus n’aurait pu déclencher un séisme pareil. C’est le niveau maximum de ce qu’on peut mesurer sur Gaïa.

Extrait du chapitre XVII

Les pluies de sang

— Avis à la population. L’urgence n’est pas terminée. Merci de demeurer à l’intérieur. La pluie qui tombe en ce moment est dangereuse pour votre santé.

Le message fut répété deux fois et à la stupéfaction des Hestiens, tous les Terriens qui étaient sortis de force se retirèrent précipitamment dans les maisons. Bek et Rebe avaient observé le phénomène, sans trop comprendre.

— Tiens ! Qu’est-ce qui leur prend ? se gaussa Rebe. Deviendraient-ils sages ?

— Bizarre, enchaîna Bek, la discipline n’est pas leur fort, pourtant tu as vu, non ? Sans même se consulter, ils ont tous fait demi-tour, comme un seul homme, c’est le cas de dire. Je vais voir si Abina est réveillée, elle pourra m’expliquer ce que je ne vois pas.

Rebe ne put s’empêcher de persifler.

— Ben voyons ! la bonne excuse toute trouvée que voilà ! Le camp compte cent mille réfugiés et toi, tu vas tout droit chez elle. Rappelle-moi ce que tu disais : un scientifique qui ne rate pas une opportunité ? Un nigaud amoureux, voilà ce que tu es. Va, va, je suis sûr qu’elle n’attend que ça, elle aussi.

Extrait du chapitre XVIII

La lèpre

Bek avait repéré les symptômes, puisqu’il les savait inévitables ; les réfugiés des camps qui n’avaient pas voulu écouter les messages de prudence auraient bientôt les mêmes : des cloques, des pustules, des brûlures. Il tenta d’expliquer le phénomène à l’enfant, pour le lui faire comprendre sans trop la choquer.

— Désolé, Selima. J’ai essayé de le dire à Abina, j’ai essayé d’avertir tout le monde. Le danger ne se trouve pas dans la couleur sang de la pluie. Personne n’a voulu écouter.

— Que veux-tu dire ?

Bek se prit la tête à deux mains, écrasé par le regard accusateur d’Abina.

— J’ai dit et répété que la pluie était dangereuse. Mais pas que le fer l’était. Pas vraiment. Cette pluie a été amenée par le souffle d’un volcan. Un volcan qui a craché des cendres et du soufre. La cendre est corrosive, elle attaque les yeux, la peau, elle griffe l’intérieur du corps en passant par le nez et la bouche. Avec la pluie, le soufre a été transformé en un acide qui cause tout autant de problèmes.

— Tu veux dire que la pluie est en train de brûler le visage et le corps de ces gens ? s’exclama Selima.

Extrait du chapitre XXV

Chédyt

Les yeux mi-clos, les gueules béantes, ils somnolaient sur le sable compact de la berge, abrités par l’ombre maigre de quelques palmiers efflanqués. Les plus grands dépassaient les douze coudées et leurs queues massives fouettaient l’air envahi d’insectes vrombissants. Leur air nonchalant et pataud dissimulait à merveille la violence et la rapidité dont ils étaient capables. Quelques spécimens flottaient dans la mare, laissant émerger leurs yeux et le bout du museau, à l’affût de la moindre proie égarée, prêts à la saisir pour l’emporter dans les profondeurs de l’eau boueuse. Aucun être vivant ne pouvait s’approcher de ces lieux sans risque pour sa vie.

Pourtant, à Chédyt, à plus de cinquante-cinq lieues[i] au nord de leur ville, une foule de Thébains, Terriens et Hestiens confondus, avaient envahi la ferme des Crocodiles Sacrés pour assister à une exécution singulière.

[i] 55 lieues = environ 580 km

Extrait du chapitre XXXII

Constat: Bek devient insupportable

— Toi aussi, il t’a rabroué sans t’écouter ? Il t’a énervé ? Ne le prends pas mal et encore moins personnellement. Cela fait une décade qu’il est insupportable avec tout le monde.

Rebe ronchonna. Selima, tout en gardant ses distances, lui saisit une main, compatissante. Elle comprenait son désarroi, Bek ne l’avait pas épargnée non plus. Disparu le commandant calme et serein : Bek était devenu irascible, impatient, sombre même. Le jeune lieutenant esquissa un sourire dépité à l’adresse de la prêtresse.

— Pas avec toi, on dirait. Il m’a dit que tu pouvais aller le voir, parce que toi…

— … je me tais, je sais, enchaîna Abina, il me l’a assez répété ces derniers jours. C’est la seule méthode que j’ai trouvée pour l’apaiser, mais je commence à désespérer. Tant qu’il ne m’aura pas dit ce qui le ronge, je ne pourrai pas l’aider.

Rebe s’installa sur le muret au côté d’Abina, pendant que Selima prélevait discrètement quelques dattes dans le sac pour les grignoter. Rebe indiqua l’objet de la tête.

— Si le nouveau grand prêtre te voit dormir sur des offrandes, tu auras des problèmes.

— C’est mon destin, me faire houspiller par mes supérieurs…

— … sans aucune responsabilité de ta part, bien entendu…

— Évidemment, tu sais que je suis toujours innocente.

Devant une telle mauvaise foi, Selima s’étrangla en avalant son larcin, puis éclata de rire, suivie par Rebe, heureux de ce moment insouciant. Il reprit bien vite son sérieux.

Extrait du chapitre XXXIV

Selima au marché

Elle caressa le scarabée qu’elle avait emporté avec elle et qu’elle cachait dans sa main, une vraie merveille de bois et de nacre couverte d’une fine pellicule d’or. Rebe lui avait recommandé de ne pas le marchander en dessous d’un shât[i]. Elle pourrait aussi acheter de la nourriture pour son père et des cadeaux pour ses proches. Entrée dans l’échoppe d’un tisserand, elle le trouva en grande discussion avec deux commères du quartier. Connaissant son dénuement, il ne lui accorda pas la moindre attention, mais ne la chassa pas non plus. Elle en profita pour admirer les articles disposés sur les présentoirs : des pièces de lin teintes en pourpre, en rouge ou en bleu avec des motifs de lotus ou d’ibis ; des tuniques déjà apprêtées garnies de parements de minuscules perles de verre ; des coiffes de couleurs variées. Des senteurs de benjoin flottaient dans l’air pour le purifier. Derrière elle, la conversation continuait. Une phrase, soudain, attira son attention et elle en oublia tout le reste.

[i] Shât : étalon-or (7,5 grammes) qui servait à déterminer la valeur des marchandises troquées

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