Sur un âne, juchées,
Nous avions à cacher
Que le coeur nous serrait
Et autant qu’il serait
De ce coutumier fait
Aux relents de méfaits
Qui consiste à piquer,
Aiguillonner, piquer,
Au-dessus de l’épaule
Là où le bât frôle,
La plaie s’élargissant
Le maître – plus buté
Que l’âne dit “bâté” – ,
L’esclavage aboli,
Nourrissait la folie
De transposer ce fait
De l’homme à la bête …
Nous revenions du souk,
Nous croisions des boucs,
Des chèvres, des moutons,
Qui craignaient le bâton,
Leur cerveau animal
Ignorait c’est fatal
Qu’ils n’auraient à frémir
Que pour ” l’Aid el Kébir ” …
Mais toi, pauvre animal,
Ô combien m’a fait mal
Ton braiment bourricot,
Tes frères faisant écho !
Le soir, en m’endormant,
Je déclarai : “Maman …
– Des larmes dans les yeux –
… Cet âne, je le veux !”.
©Simone Gibert