Imagine 
Tu es seul , inconnu, à Bagdad.
Une petite fille te jette une pierre 
Ses yeux bleus te parlent si fort 
Sa peau blanche et ses joues noires
dessinent silencieusement des histoires
de quelques calvaires et misères .
Son regard plein de prières 
cache un terrestre enfer,
sans raisons célestes derrière 
Il adore la vie sauf sur terre
Elle abhorre son genre 
et encore plus ses frères .
Imagine
Tu es inconnu, seul, à Islamabad 
Un petit garçon te dit un mot 
Sans le comprendre illico 
Tu saisis qu’il est gros 
Les yeux noirs et le caractère intello
prouvent une enfance pro deo 
Sa djelaba, comme un seau,
est pleine d’air que de l’eau 
Ses grimaces sont de facto 
des sourires pleins de sanglots.
Imagine
Tu es à Rabat, seul et inconnu 
Une jeune fille presque nue,
sous une froide pluie drue,
jupette et bottée tristement à cru 
Las! elle attend au bord de la rue,
une folle clientèle imprévue,
de longues heures au su
de quelques riches crus,
avec leurs pouvoirs accrus 
elle aurait des écus 
elle ne serait plus exclue 
sauf de sa mémoire et ses vécus.
Imagine.
Tu es seul et inconnu à Paris
Un vieil homme est assis 
sa barbe défaite marque l ennui 
d’un présent morose et inouï 
son regard perdu luit,
montre qu’il n’est plus lui,
qu’il n’a plus d’appui 
Seul, il est esseulé dans un puits
sans présent ni passé ni une vie.
Imagine. 
Que n’importe où tu es 
Tu te ressens toujours seul 
étrange et inconnu .
Dans un monde de tes pairs 
Sur des terres de ton genre 
Entre des personnes comme toi 
Mais tu assumes le pire désarroi 
et la laideur d’émoi 
causés par un monde de fous.
Une folle fille de mots 
caresse tes pensées stressées
en te disant 
On n est plus pareil 
On n est plus les mêmes 
On est peut-être autre
que ce qu’on imagine
.
©Mohamed Ghanimi – 12/08/2018
