IL NE LEUR MANQUE QUE LA PAROLE 2ème partie – Chapitre 3 (à suivre) – Véronique Monsigny

CHAPITRE 3 – C’est la vie !

 

Câline tourne en rond, sort dans le jardin, rentre dans la maison, puis ressort quelques instants plus tard.

–        Mais qu’est-ce que tu as Câline à tourner comme un lion en cage ?

–        Oh Madouce, si tu avais le miaulement, je pourrais te répondre. Je suis folle d’inquiétude. Voici trois jours que je n’ai pas vu Papillon. Il m’a abandonnée du jour au lendemain alors que je commençais à m’attacher. Je ne comprends pas. Qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire ? Je ne lui ai pas posé la patte dessus, je n’ai pas abîmé ses fleurs. Je ne sais plus quoi penser…

–        Bon ! écoute, arrête de miauler maintenant, je ne comprends pas ce que tu veux. Et sors de mes jambes. Justine est à l’école, j’en profite pour passer l’aspirateur.

–        Miaou ! elle sort le truc qui fait du bruit comme l’orage. Je file dehors pour pouvoir m’entendre penser.

–        Zzz le chat, il y a longtemps qu’on ne t’avait pas vu. Toujours aussi débordé toi à ce que je vois. Tu es bien le seul dans ce jardin à n’avoir rien à faire…

–        Miaou ! tout d’abord Mademoiselle la mouche à miel, je ne suis pas « un chat ». Je suis Câline, une demoiselle de la ville s’il te plait !

–        Zzz bon, excuse-moi. Le respect, je ne sais pas ce que c’est. Moi j’ai une reine et je la nourrie. Alors si tu me dis que tu es une « Princesse », je ne te parle plus, je te nourris.

–        Miaou ! non, s’il te plait ! ne t’en va pas. Je n’ai pas besoin que tu me nourrisses. Madouce le fait très bien. Moi ce que je veux ce sont des amis, des amis qui restent.

–        Tu as des amis toi ?

–        Miaou ! j’avais Charly, puis Mao et ils sont partis tous les deux. Ici, j’ai rencontré Papillon, et voici trois jours qu’il ne vient plus. Je suis désespérée, tu comprends ?

–        Zzz plus ou moins. Je vois que tu as le bourdon, ce doit être terrible. Tu t’ennuies et ça chez nous ça n’existe pas. On a toujours quelque chose à faire. Mais pour ton ami Papillon, je sais bien ce qui s’est passé. C’est pas drôle, mais c’est la vie, enfin la nôtre…

–        Qu’est-ce-que tu veux dire, tu me fais peur…

–        Enfin, je crois que tu es en âge de savoir que nous ne sommes pas immortels, ni les uns ni les autres.

–        Miaou ! je ne me suis jamais vraiment posé la question, mais j’ai cru comprendre. Mon bon vieux Mao à qui on reprochait de courir tout le temps avait coutume de dire : «Il faut rajouter de la vie aux années et non des années à la vie ».

–        Zzz, vous parlez comme les hommes. Nous, nos vies ne se comptent pas en années mais en jours. C’est pourquoi on ne s’arrête jamais, pas le temps.

–        Qu’est-ce-que tu bourdonnes là ! il est où Papillon ?

–        Et bien justement Câline, c’est ce que je veux t’expliquer. Les peuples du jardin ne vivent que quelques lunes. Papillon a vécu les siennes. Moi-même il ne m’en reste pas beaucoup. Alors, s’il te plait, ne nous retarde pas. On est là pour perpétuer la vie, pas pour la regarder passer… Vie à ton rythme et nous au notre. Choisis tes amis parmi les tiens ou évite de t’attacher. Un peu de légèreté est le meilleur des antidouleurs.

–        Miaou ! Je me sens vieille d’un seul coup.

–        Allez, viens nous voir quand tu veux, mais n’oublie pas que, si vous vous croyez « unique au monde », nous, on est « interchangeables » !

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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