L’une de mes abonnées vient de me suggérer de parler de l’éveil spirituel.
Je ne sais si elle pensait à Buddha dont le nom signifie L’Eveillé ou à Jésus qui dans l’évangile du jour nous appelle à rester tous bien éveillés.
Quoi qu’il en soit, ce terme appartient à l’univers mystique et il constitue une arche entre la pensée hindouiste, bouddhiste, soufiste et carmélitaine.
Il existe bon nombre d’ouvrages traitant de ce parallèle saisissant, notamment entre le yoga et saint Jean de la Croix.
Dans les deux univers, l’éveil s’apparente à une illumination intérieure, du cœur, de l’âme ou de la conscience.
N’allez pas penser qu’il s’agit d’une expérience statique. Bien au contraire, l’éveil spirituel est un chemin de haute voltige entre ce que le carme espagnol nomme nuit obscure et vive flamme.
Il parle même de dépossession de ses sens, à la manière dont le bouddhisme parle de la libération par rapport aux passions et autres ressentis. Quelle que soit la voie suivie, elle s’achève toujours dans l’extase, c’est-à-dire dans une évasion de son égo.
Dans le langage de la neurophysiologique ou de la psychologique, les états d’éveil peuvent être classés parmi les états modifiés de conscience. Chaque spiritualité lui donne un nom à sa couleur locale comme le samadhi selon Ramakrishna ou l’extase mystique pour les carmélites.
Je citerais volontiers Philippe Cornu qui nous garde d’une confusion : « On ne confondra pas nirvâna et Éveil, même si ces notions sont intimement liées. Le nirvâna a un rapport direct avec la libération de la souffrance et des conditionnements, tandis que l’Éveil est un phénomène de nature cognitive qui implique la manifestation pleine et entière de la sagesse, c’est-à-dire de la connaissance directe et non conceptuelle de la Réalité telle qu’elle est ».
J’aime citer également Romain Rolland qui, dans une lettre célèbre à Freud évoque une telle expérience spirituelle qu’il appelle « sentiment océanique »
Il est même intéressant de constater que des penseurs modernes ont répandu cette notion d’éveil spirituel hors du cadre religieux. Tels Krishnamurti ou encore Eckhart Tolle.
De leur côté, les philosophes, parlent ici de « la plus haute conscience de soi » telle Danièle Hervieu-Léger
Les neurosciences en donnent, elles aussi, leur définition propre : méditation profonde ou plénitude mystique.
Cela dit, gardons-nous du vocable du New Age qui en a fait sa véritable tarte à la crème.
Peut-être que le silence est la plus à même approprié pour parler de cette expérience très personnelle ressentie et nommée différemment par chaque méditant.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89veil_spirituel