Écoute
J’écoute mes yeux qui m’emportent
Vers une destination de dernier retranchement.
Mes pas lourds piaffent sur du sable instable.
Mon guide est le vent torrent en mouvement
Seigneur des déserts de granit, rigides, torrides…
Mon regard perdu roule sur les dunes ;
L’ouïe éblouie oscille en vrille dessus
L’oasis de mes rêves sempiternels.
Au rythme des vagues dansantes,
Mon âme est suspendue,
Peut-être ravie ;
Elle avance, éperdue
Dans les profondeurs du lac de mes sens.
Le cœur soumis au royaume de la vie
Balbutie, au rythme de son énergie
Une aubade qui nourrit l’envie
De mystifier le temps perdu.
La soif coiffe mes lèvres,
Un halo rubescent, sur les ténèbres, tombe ;
La nuit née sur la rive de ma fourbure
Imprègne mon palais desséché,
Avant que je ne succombe.
Ciel, je t’implore :
Convie la lune pour mon secours,
Qu’elle rougeoie en retour autour de moi !
Mon visage grimaçant sous le froid,
Telle une proie aux ailes frêles de soie,
Qui se noie sous la rosée nocturne,
Quitte sa pénitence taciturne
Et déploie la révérence sur son chemin.
Sur les monts chauds, culmine
Ma joie de retrouver ma voie
Et la rime réinvestit ma voix.
L’horizon gruge le soleil ;
Un palmier au loin se dessine
Sur les ruines de mes émotions.
Mon souffle embrasse les palmes :
Un écho soupire entre deux désirs ;
Je respire sous des cendres aguichantes.
L’oasis scintille de mille et une couleurs.
Mes mains sillonnent les bords d’abord,
Puis, les monts me transportent
En dernier ressort sur l’aéroport
Où s’évanouissent mes chagrins
Dans les abysses de l’oubli…
Abdelkrim KHEMMAL (Tous droits réservés)
Je vous remercie de tout cœur de vos lectures, Sy Brahim et Veronique Monsigny pour vos lectures et vos agréables commentaires qui m’ont fait un grand plaisir.
Ah ! L’oasis ! Ne m’en parle pas, Abdelkrim ! Moi qui ai soif, moi qui ai hâte d’entendre le clapotis de l’eau dans la palmeraie, de boire dans mes deux mains réunies en guise de gargoulette ! Et ces jeunes filles pleines de vitalité, remplissant leur “guerba.”Merci, cher ami, pour ce mirage poétique…
C’est magnifique et je ressens la soif, la fatigue, le chaud et le froid , toutes ces sensations que j’ai découvertes au désert et que je garde vivantes des années plus tard . Merci Abdelkrim. De nous partager un peu de votre merveilleux pays.