Petite fable affable
Grande sauterie chez les sauterelles :
On invite même les criquets à en croquer !
Mais sans bruit car pinsons et tourterelles,
De bosquets en buissons, lors du plus simple hoquet,
Peuvent vous becqueter, mes bons amis, en masse
Et nul ne veut finir gobé comme limace.
On vient de loin pour se retrouver en frairie,
Mettre le couvert sur les estivales prairies
– On le sut plus tard – d’une pauvre vicairie
Qu’un temps inclément a rendue bien moins verte
Que sèche… quand glèbe ne fut pas découverte !
Nos saltarins, par le vert bocage et les bois
Noirs, vont en petits groupes et en silence,
Le cœur à la fête mais, hélas, l’esprit aux abois
Car les étourneaux ne sont que violence,
Les fauvettes cruelles en ces pillages ourdis
Et les coucous gloutonnerie à l’étourdie.
Donc on avance en tapinois vers la terre
Promise aux orgies entomiques en clan
Sans espérer les retardataires.
Là, un petit lassé, lâche un : « C’est loin, Maman
Le raout du mois d’août où l’on doit faire ventre.
Parce que j’en vois beaucoup, moi, des zélés chantres. »
Une mésange entendit cette voix si menue
Et la mit, avec ses soeurs, à un commun menu
Non sans avoir convié tout oiseau du crû.
« Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.* »
© Christian SATGÉ – mars 2021 sur une phrase de Victor Hugo (* tiré de Toute la lyre ?)