Des vies anonymes – David Frenkel

L’amitié se vautre

Dans le cœur de l’autre ;

L’œil indifférent,

Comme un blanc écran,

 

Absorbe l’image

D’un voisin d’étage.

Un bonjour muet

Met l’homme fluet

 

Dans le vil oubli

Qui fera le lit

De vaines tristesses

Qu’aucun ne caresse.

 

L’autre en sentinelle

Tourne la prunelle

Vers la sombre impasse

Quand le voisin passe.

 

Le dédain s’arrête

Dans la fière tête.

La fraternité

Habite à côté,

 

Mais l’autre n’en a cure,

Il rase les murs,

Craignant l’amitié,

Cette belle moitié

 

Partageant en deux

Les instants joyeux ;

La douleur entière,

Las fera litière

 

D’un homme incommode.

Le sourire est le code

De la bonne entente ;

La langue avenante

 

Rattache les hommes ;

La sympathie gomme

Bien des différences,

Et bien des souffrances.

 

David Frenkel

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David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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