Comme la dernière du condamné – Christophe Bouldé

Comme la dernière du condamné

 

On y croit et puis tout s’effondre

comme une pyramide de verres,

sans voix, on se terre

et on s’enterre à ne pas répondre.

Seuls, sur le papier, les mots s’étirent

plus discrets que le verbe haut,

fidèles lieutenants et vieux capo

des tristesses et des longs soupirs.

Je vois loin et puis pourtant

comme au lendemain d’une grande marée,

la brûme ne s’est pas retirée,

épaisse, étourdissante.

Seules, sur le clavier, les larmes glissent

plus violentes que des gestes forts,

que j’ai raison ou que j’ai tort

elles me sillonnent comme un sévice.

Comme la dernière du condamné

je me consume sans qu’on me fûme

tiens, prends, sens, hume,

et souviens toi de cette odeur de consommé…

 

Christophe Bouldé

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