A l’auvent d’un sombre immeuble,
En cet antre, rue gelée d’hiver,
Assis, les os contre pierre,
Pour ce cœur que nul n’envie,
J’ai souvent repensé ma vie.
Je verserais une larme à terre
Si à terre elle ne s’y dérobait,
Je tendrais la main au vent
Si à au vent on ne l’y mettait.
Sous ces baisers de froidure,
Mon corps, transis, aux bises
Ne se plie qu’à peine,
S’y glacent mes blessures,
Mes pleurs d’hiver, résine
Plus que mon sang l’été.
Pour cette âme, son corps, ses os,
Un peu de chaleur, c’est humain,
Mais dans la rue, cette ingratitude,
On se croise, s’ignore et se toise.
On évalue l’autre, sur son trottoir,
A ce regard, on s’accroche et l’évite
À son approche, par trop de mépris
Pour une main qui se donne,
C’est un poing qui nous vient.
On trébuche, on s’écorche aux avaloirs.
On dispute son dortoir, son rayon de lune
Pour une ombre partagée, céder au corps.
C’est à cœur fendre crier de désespoir,
Je te cherche ma sœur, solitaire des rues,
Toi, terre à terre, et ton baluchon,
Tu brilles, ma grande âme, au firmament
Dans l’œil humide des macadams
Un texte fort et bien écrit. Bravo et merci pour ce partage.