Chanson populaire – Christian Satgé

Authentiquement fausse…

Les bergères et les servantes,
Bien que nulle ici ne s’en vante,
Un peu grisées de vin rosé,
L’image paraîtra osée,
Voient, dans l’aube encore dormante,
Les jeunes pelouses charmantes
S’emperler de tiède rosée,
Des boutons prêts à exploser.

Revoilà le printemps
Parti depuis longtemps…
Revoilà le printemps
Et ses désirs tentants…

Les bergers, les gars, l’âme aimante,
Sentent que vient, va, s’activante,
La suave sève qui, déjà,
Ranime branches et goujats,
Raidis dans les ombres mouvantes
Des robes dans l’aube enivrante.
Le bourgeon éclôt, sans gandja,
Et coule le sirop d’orgeat !

Revoilà le printemps
Tout en tendres instants ;
Revoilà le printemps
Et ses plaisirs, s’entend !

Là, bergers et servantes
Avec leurs étreintes ferventes
S’éveillent des sens trop soumis,
Boivent à la source endormie,
Goûtant en ces heures vivantes,
Et dans nombre de leurs suivantes,
Un fruit peu défendu, ami
Du bon temps loin de la lamie…

Revoilà le printemps
Que tant l’on attend,
Revoilà le printemps
Fêté sans contretemps !

© Christian Satgé – juillet 2014

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

4 réflexions au sujet de “Chanson populaire – Christian Satgé”

    • Vous me faîtes Serge, un bien beau compliment qui me touche énormément. J’essaie de créer à chaque texte, soit-il une énième fable, un petit univers propre à défaut d’être propret, autonome et essaie malgré, une naturelle inclinaison au sombre, de me souvenir de cet axiome que l’on doit je crois au philosophe Nietzsche et qui veut que : « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté ! » qui me me ramène à celle que je me suis forgée : « Dans la vie tout est un don, rien n’est dû ! ». Donc j’essaie de « donner », sans attendre de contre-don ou de merci (lesquels me touchent d’autant plus), pour recevoir, égoïstement sans doute, quelques reflets de ce que j’ai pu offrir. Si c’est un sourire, un rire, un instant de gaité ou d’oubli – de tout voire de soi – c’est déjà cela… car cet instant – et je veux dès lors ne voir que lui – rachète tous les autres moments. Alors, quoi qu’il se passe, quoi qu’il advienne, j’aime partager plus que de longs regards le meilleur de ces petits clins d’œil que mes rimes essaient de traduire à l’aune de mes maigres talents. Amicalement…

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