C’est dans la boîte – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Certains sont tellement bêtes qu’au lieu
De se battre pour avoir plus, mon vieux,
Las, ils se battent pour que d’autres aient moins.
Sur cela nous allons faire le point.

 

Avec indifférence un grand patron,
Voulant complaire aux bons actionnaires
De son entreprise qui tournait rond,
Décide de réduire, tonnerre,
Son petit personnel quitte à broyer
Des êtres et des familles car l’âme
N’a pas d’état – ce serait dévoyé ! –
Dans notre économie, Ma Bonne Dame !

 

Ses employés, par trois, sont des porteurs
De fort gros rochers. Il y a de plus sotte
Profession ! Aussi notre exploiteur
Créé-t-il un poste de cadre à sa botte
Pour lui faire ce sale boulot :
Virer un atlante surnuméraire.
Ce qu’on fit sans se soucier du lot
De travail restant aux autres. Au contraire.
Mais on s’adapte, chez eux, sans trop braire.
Comment faire autrement ?… Trop téméraire !

 

Le manque de compétitivité
Oblige à dégraisser, las, plus encore.
C’est la clé de la rentabilité !
Notre monde impitoyable est hardcore.
Avec la toute dureté d’un gnome
Et un signalé courage, le boss
Embauche un nouveau cadre, un économe,
Pour lourder, sans façon, c’est là qu’est l’os,
Le second des portefaix sans logos,
Ni, parce que c’est temps perdu, de pathos.

 

Qu’advint-il à l’ultime de nos mâles
Cariatides ?… Elle fut écrasée
Sous son lourd fardeau, cette peau de balle !
Preuve, pour le singe, dès lors blasé,
De l’incompétence des prolétaires.
Alors un nouveau cadre rédigea
Un oiseux rapport, certes terre-à-terre,
Allant dans ce sens pour tous les rajahs
De l’action car on ne peut plus taire
Que syndicats et droit réglementaire,
Charges, impôts,… ont mis cette boîte à terre !

 

© Christian Satgé – avril 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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9 Commentaires
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Invité
14 mai 2020 22 h 39 min

Encore une très belle fable sur l’homme et sa capacité à détruire ….sur l’emprise que le système exerce sur lui …..
bravo

Invité
2 mai 2020 17 h 47 min

De se battre pour avoir plus, mon vieux,
Las, ils se battent pour que d’autres aient moins….quel impacte !
J’ai depuis fort longtemps vilipendé les spécialistes du “comment faire pour ne pas réussir” et les chercheurs sont nombreux…

Anne Cailloux
Membre
1 mai 2020 14 h 47 min

Tu as mis le doit dessus Christian, c’est ainsi que l’humain se comporte et en ce moment ton écrit prends toute sa valeur.
@nne

Brahim Boumedien
Membre
28 avril 2020 22 h 45 min

Merci, pour ce partage, Christian ! Ces insatiables oublient que : “on risque de tout perdre en voulant trop gagner” !