L’ombre immortelle – Anne Cailloux

C’était un soir, en septembre ou en novembre peut-être

il y a un an, cent ans ou mille ans, !  

je ne sais plus,   je vous attends depuis tant de vies…

Je vous quéris encore, ne sachant pas si vous êtes déjà en mon siècle . Vos effluves ruissellent au fond de mon cœur et tout mon être est obsédé par l’opium de vos mots susurrés, au creux de mon oreille il y a si longtemps.

Mes concupiscences sommeillent depuis ma dernière vie, mais je vous devine près de moi, mon corps vous réclame, mon cœur s’affole, mon temps s’égare, il y avait si longtemps que, c’était… je n’ai pas oublié.

1789 : Je vous cherchais sur les barricades, « Ah ça ira, ça ira…» non cela n’a pas été… mes yeux ont imploré les vôtres, je me suis enivrée une dernière fois de leurs couleurs absinthe, puis je suis tombée au pied de mon drapeau, ce ne fut pas la faute à voltaire. Mon âme à abandonné la votre dans un désespoir sans nom, vous offrant mon ombre comme ultime rempart.

Durant quatre siècles, je vous ai attendu en haut des pyramides, mais je ne vous ai point trouvé. Napoléon en a été admiratif, l’Empereur vous a immortalisé dans des mots éternels.

Je repose en Égypte loin de vous… mais un jour, je vous promets, nous aurons le même passeur…

J’ai voyagé du nord au sud, cherchant une âme qui pourrait me renseigner, un marabout qui en serait plus, un sorcier vaudou qui vous aurait vu, une diseuse de bonne aventure et tant d’autres, mais rien.

Verdun, je vous ai cherché dans les tranchés, ne trouvant que désespoir et misère qui épousait si bien à la mienne, je me suis fait infirmière pour conjurer le sort.

Sur la route de la soie, j’ai parcouru des chemins incertains de la Chine à la Perse en passant par l’Inde, j’ai fouillé les souks, les caravanes, les montagnes et les rivières devenues aussi sèches que mes yeux, mais je n’ai trouvé qu’un Empereur Byzantin qui désirait m’épouser, puis m’échanger contre quatre chameaux. Sous de paisibles indifférences, ma vie avait fini avant de commencer.

Je vous ai enfin trouvé dans le Nevada, entre poussière et saloon, j’ai reconnu le timbre si chaud de votre voix. Vous étiez shérif, face à face avec un bandit de grand chemin, vos mots ont été     Allez prends ton cheval et quitte la ville, ou tu finiras les bras en croix.

Nous nous sommes aimés de nouveau, entre le colt sur le piano bar et le Jack daniel’s, nous avons résisté aux tentations diverses. Mais un jour.. votre mort à anéanti mon rêve. Avez vous entendu mes pleurs ? même les oiseaux se sont tus respectant mon chagrin. Au loin, j’ai entendu le doux bruit de la vie qui m’appelait, parce qu’il fallait souffrir de nouveau pour revenir vous aimer encore plus, dans d’autres vies.

Je vous ai retrouvé à Versailles dans le parc, faisant complainte à la Marquise de Pompadour, cherchant une mouche, un peu trop bas sur le corps non défendant de la dame. Vous vous êtes figé dans l’instant présent, sentant mon âme prés de la votre, oubliant le monde et ses Dieux, ses Marquises et son Roi.

Votre bouche de luxure et de désordre me boira jusqu’à mon dernier souffle, vous me l’aviez juré quand vous étiez un Dieu.

À ce jour vous me devez tant de baisers, tant de nuits d’amour où je vous cherchais des nuits aussi longues que des siècles, des jours que j’aurais voulu oublier.

Je vous sens en ce lieu, en ce Temps, pas loin de moi, je vais vous trouver, aussi certain que l’aube va se lever, qu’il sera bon de vous regarder de nouveau.

Allez Bon Dieu, offrez moi l’éternité avec cet homme, juste une fois…

Repue je serais, sans remords et sans regret je vous rendrais grâce éternellement ..

© Anne Cailloux 2018

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (354)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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9 Commentaires
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Invité
15 mai 2018 21 h 02 min

immortelle sûrement. Redoutablement élégant, envoûtant
j”adore, et pourquoi pas avec l’*ame…
merci
O

Invité
15 mai 2018 18 h 19 min

J’aime dans ce texte cette narration captivante qui traverse le temps et des différentes civilisations croisées dans une beauté adorable c’est succulent pour moi.Mille mercis encore une fois mon amie Anne.

Invité
15 mai 2018 12 h 19 min

Bonjour Anne,
Quel récit ! Très beau texte qui nous emporte…
Merci Anne
Bises

Chantal

Invité
15 mai 2018 10 h 32 min

bravo Anne j’aime bien
agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.

Christian Satgé
Membre
15 mai 2018 6 h 16 min

Beau texte dont la prose n’exclue pas des envolées des mieux senties et encore mieux venues. Bravo Anne…

Laurent Vasicek
Membre
15 mai 2018 5 h 45 min

Il est très beau ce texte … Merci