Lors de notre premier cours de philosophie en Terminale, notre professeure nous présenta sa discipline comme un triple questionnement :
- D’où viens-je ?
- Qui suis-je ?
- Où vais-je ?
Mon voisin de table, nommons le Louis Martin car c’était un âne authentique, répondit à brûle pourpoint :Madame, moi j’ai les réponses. Je viens de chez moi, je suis Louis Martin et je vais retourner chez moi.
Apparemment, cet élève ne prenait pas la philosophie au sérieux ;moi si.
Nous fûmes invité à puiser des réponses chez Socrate et son Gnoti oti, connais-toi toi-même.
Au final le maître de Platon concluait devant nous, au terme de sa vie: Je ne sais qu’une seule chose : c’est que je ne sais absolument rien. Celait me laissait dans la gorge un goût de trop peu.
Ma professeure de philo ayant convaincu mes parents que je devais étudier la Philosophie à Paris IV Sorbonne, je suivis donc son conseil éclairé.
Lors du cours d’accueil intitulé Philosophie Générale où Roger Caillois, une sommité d’alors, nous révéla LA question qui fonderait a problématique philosophique :
« Pourquoi Y a-t-il quelque chose plûtôt que rien ».
Une autre sommité de philosophie médiévale, Jean Luc Marion, nous apporta une première réponse avec le raisonnement du celui qu’on appelait Le docteur Magnifique, Saint Anselme de Cantorbéry. Il s’agissait du célèbre « argument ontologique ». Une réponse non pas du côté du Rien mais du côté du Tout qu’il faudrait appeler Dieu.
Voici cet argument : Si Dieu est tout, il a tout, donc il possède l’existence et ce depuis une éternité. En conclusion, il n’y a jamais eu de rien…du tout.
S’ensuit notre passage entre les mains d’une autre sommité de philosophie contemporaine, Henri Birault, qui nous enseigna sur le Rien à partir de Sartre et de son livre L’Etre et le Néant. Cet Etre était à nouveau à comprendre comme le tout.
Au terme de ma première année de philosophie universitaire j’estimais n’avoir rien appris sur le rien. Mais vraiment rien du tout.
Je suis d’ailleurs intimement convaincu que le rien est impensable, car il s’accompagne toujours de la pensée du rien.
La question originelle demeure donc intacte « Pourquoi Y a-t-il quelque chose plutôt que rien ».
La Science répond au Comment, mais la philosophie peine à répondre au Pourquoi ?
Peut-être fau- il poser la question autrement : « Par qui ? »
Mais à qui poser la question ? A un théologien ? Où à vous dans la prochaine minute philosophique.