Le titre de la minute philosophique du jour m’a été inspiré par le titre d’un célèbre livre du docteur Philippe Madre : Dieu sans idée de mal.
Ce livre tente de répondre à une problématique qui est en fait une citation de Dostoïevski, plus ou moins bien traduite, devenue, sous sa forme interrogative, un sujet récurent du bac philo :
Si Dieu n’existait pas, tout est il permis ?
Cette interrogation pose une question capitale, celle de la nature du mal.
Un illustre docteur en philosophie nous en a donné une définition limpide, Thomas d’Aquin, le futur saint docteur angélique : Le mal est la privation d’un bien.
Où le mal serait-il rattaché à Dieu ? On ne peut ignorer le fameux décalogue, ou table de la loi que Moïse aurait gravé sur le mont Sinaï sous la dictée de Dieu. Le mot décalogue signifie 10 logos, 10 paroles, et même 10 leçons. On devrait donc dire non pas les 10 commandements mais les dix pédagogies, les dix versets pédagogique.
Dans l’imagerie populaire, ce sont eux qui fonderaient la morale judéo-chrétienne. On y relie deux concepts : Dieu et l’interdit. Mais à y regarder de plus près, à la lumière de la définition de saint Thomas d’Aquin, on y lit en creux de simples rappels de bon sens que l’on nommerait de nos jours le sens civique : tu ne priveras pas autrui d’un bien légitime :
Le mari de son épouse, l’épouse de son mari (adultère), ton auditeur de ta parole vraie (ni mensonge ni parjure), ton frère de sa vie (le meurtre) etc etc.
On y a vu et cru trop longtemps que le bien et le mal étaient comme deux pages du catalogue des diktats du Divin, fixés à sa convenance, alors que l’on constate, en y regardant de près, que c’est la préservation de tous les biens de chacune et de chacun qui est visé.
La réponse à la question initiale s’impose à nous : que Dieu existe ou non, faire le mal demeure et demeurera toujours priver injustement autrui d’un bien. C’est la mission de la justice des hommes et j’ajouterai, celle de notre propre conscience qui, de notre tréfonds, nous fait voir ce qui est bien et ce qui est mal.
Le bien et le mal ne sont donc pas des idées religieuses, mais une réalité relationnelle enracinée dans nos consciences de femmes et d’hommes, croyants ou non.
Doit-on aller jusqu’à affirmer qu’il n’y a de mal que de mal ressenti comme tel ?
On peut en effet faire mal à quelqu’un sans penser léser ou blesser la personne.
Mais cela serait le sujet d’une autre dissertation de philosophie.
Et, en sus, j’ai intitulé ma minute philosophique « Sans idée de mal ».