Quand mes jours s’assombriront – Gilles Baychelier

Quand mes jours s’assombriront

que je n’aurais plus la vision

de faire courir mes mots sur des feuilles blanches

de poser mes idées, mes attentes, mes envies…

que je me souviendrais plus de ce qu’était ma vie

 

Quand les corbeaux viendront au-dessus de ma maison

que je ne reconnaîtrais plus personne

que mes enfants m’appelleront papa, dans le vide

lorsque je ne serais plus maître de moi

de mes gestes, de ma pensée….

lorsque je sombrerais lentement dans la folie

en glissant dans l’état végétatif

en retombant en enfance ici-bas comme bon nombre

 

Quand je serais devenu incapable de marcher

avec les limites comme un escalier

que je serais réduit à un fauteuil roulant

il ne restera de moi que des images jaunies

par le temps qui court sans s’arrêter comme un tgv

sur des rails comme l’a été ma vie

sans oser même un peu dériver

 

Alors viendra le moment de me laisser partir

laisser tout comme l’a  fait mon père

en sachant que rien ne sert de tout prendre

rien ne sert d’entasser à la banque

rien ne sert d’être rapiat, possesseur

un jour ou l’autre on rend tout

je dirait simplement profitez de la vie

où vous n’avez le droit qu’à un seul passage

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