Et puis parut le paon… – Christian Satgé

Petite fable affable

Le poulailler est gagné
Par la nostalgie. On pense
Chez les oies, jabot et panse,
Qu’avant les enfants daignaient
Les saluer. « Politesse
Est, aujourd’hui, mort-née ! »

Le coq qui est leur altesse
reprend : « Tête couronnée
Ou pas, ici, plus personne
Ne respecte son voisin !

– On parle comme on klaxonne !
Fit une canne zinzin.

– On vous marche sur les pattes,
Dit une poule chagrin,
Puis on se carapate…

– Ou on vous gratte le grain
Sans faire excuse !
Rajoute un gros dindon.

– D’un regard on vous récuse !

– Les gros mots, chez ces lardons,
Ponctuent paroles et phrases !

Et il ne savent tenir
Leur langue ! fait Jars qui jase
Sans jamais se retenir.

– Ni leur parole, Ma Poule ! »
Jette une mal élevée
De la poulaille ; une maboule
Qu’est bagarreuse énervée.

« Ils sont argot et ragots !

– Ni pardon, ni merci, ni merde :
Il y a des coups d’ergot,
S’écrie le coq, qui se perdent ! »

Et puis parut le paon
Qui fait à qui se répand :
« Pauvres mangeuses de thècles,
Vous criez que le siècle
Change alors que ce n’est que vous
Qui changez, qu’on vous l’avoue !
C’est votre progéniture
Que vos bons mots dénaturent
Et qui les a éduqués,
Volaille mal embuquée ? »

© Christian Satgé – juin 2016

Nombre de Vues:

16 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires